L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
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L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
Bonjour,
Je voulais évoquer Jeremy Rifkin - http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin - dont les théories font écho à un autre livre, "La revanche du rameur" - http://www.larevanchedurameur.com - même s’il n’emploie pas les mêmes termes (il parle de pouvoir latéral à la place de l’hétérarchie, pense aussi l’empathie comme un moteur de civilisation…). Il a notamment écrit un best-seller : "Une nouvelle conscience pour un monde en crise, Civilisation de l'empathie".
Ci-joint une interview de Rifkin dans "Les Inrocks" qui vous donne quelques éléments sur ses idées.
Visions d’avenir
"Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce". Optimiste et enthousiaste, l’essayiste américain Jeremy Rifkin dessine dans "La troisième révolution industrielle" ce que sera l’aventure humaine du XXIème siècle. Article de Serge Kaganski.
Vous êtes miné par la crise économique, écologique, existentielle de nos sociétés ? Prenez un shoot de Rifkin ! Economiste, essayiste, activiste, auteur de best-seller tels que "La fin du travail" ou "L’Age de l’accès", Jeremy Rifkin récapitule ses réflexions dans son nouvel ouvrage, "La troisième révolution industrielle", pour nous livrer rien moins que notre avenir clés en main. Il y diagnostique la fin de l’ère du pétrole, échafaude notre nouveau monde fondé sur la convergence entre les énergies vertes et le web qui distribuera l’électricité comme on s’échange des fichiers musicaux. Le paradigme internet affectera aussi le travail, le social et le politique en remplaçant les vieilles structures hiérarchiques, pyramidales et verticales, par de nouvelles relations latérales, horizontales, coopératives, partageuses et démocratiques. La fin du père en somme, qu’il soit chef de famille, d’entreprise ou de gouvernement. Au passage, Rifkin règle leur compte au système éducatif actuel et aux théories économiques classiques (Adam Smith à la poubelle !), tout autant périmés selon lui que les énergies fossiles.
Si Rifkin n’a pas inventé les énergies renouvelables ni internet, il est le premier à connecter l’ensemble pour proposer le récit complet et très argumenté de l’aventure humaine du XXIème siècle. Le tout donne un drôle de mélange entre critique du capitalisme, messianisme vert et pragmatisme-optimisme à l’américaine. Autre bonne nouvelle, l’Europe est la plus avancée dans la réflexion et l’engagement vers ce nouveau monde ! L’essayiste visionnaire va même encore plus loin que la troisième révolution industrielle en imaginant une humanité épanouie par la fin du salariat et unie dans le village globale de la biosphère. Attention, Rifkin n’est pas un hurluberlu ou un doux utopiste : il parle régulièrement aux grands de ce monde (chefs de gouvernements, dirigeants d’entreprises), et supervise des équipes compétentes. Sa vision est crédible et réalisable, même si elle ne garantit pas à 100% un avenir radieux. Nous l’avons soumis à la question mais cet homme délicieux au bagout inépuisable a réponse à tout. Quand on lui demande si ce ne serait pas un risque énorme de se lancer à fond dans son programme, il a cette réaction spontanée : "Le plus grand risque serait de ne rien faire."
Dans la partie la plus révolutionnaire de "La troisième révolution industrielle", vous décrivez le passage du pouvoir vertical au pouvoir latéral sous l’effet d’internet. A votre avis, les détenteurs du pouvoir pyramidal actuel, économique ou politique, vont-ils accepter de se laisser déposséder ?
Jeremy Rifkin – Il y a quelques années, les multinationales du disque n’ont pas compris ce qu’était le pouvoir latéral. Des millions de gosses à travers le monde ont créé des outils software pour partager leurs musiques. Les gros labels ont d’abord pensé que c’était une plaisanterie puis ils se sont mis à paniquer, et à la fin la plupart ont déposé le bilan. Les journaux n’ont pas réalisé ce que représentait la blogosphère : des millions de gens partageant du savoir, des infos, des vidéos, etc. Ils les ont pris pour des amateurs. Maintenant, ces journaux déposent le bilan ou créent des sites et des blogs.
Nos problèmes économiques et sociaux sont-ils liés à la fin de l’ère du pétrole et des énergies fossiles ?
L’ère de la deuxième révolution industrielle agonise, on en voit les signes partout. Cette ère se fondait sur de gigantesques compagnies énergétiques centralisées, combinées aux énergies fossile et nucléaire. La crise a véritablement éclaté en 2008 quand le prix des produits de consommation a grimpé à la suite de l’augmentation du baril de brut. Dans leur grande majorité, les pesticides, les fertiliseurs, les vêtements, les médicaments, les matériaux de construction, les cosmétiques, etc, viennent du pétrole. L’économie mondiale est donc tombée en panne pendant un moment. La crise financière et bancaire qui a suivi quelques semaines plus tard représentait un afterchoc, et les afterchocs n’ont plus cessé depuis. En France, les dirigeants avec leurs programmes électoraux ont gardé le nez collé sur ces conséquences de la fin de l’ère du pétrole : réformes fiscales ou monétaires, code du travail, austérité ou croissance, etc. Tout cela est important à court à terme mais ne sert à rien à moyen terme : ces réformes ne répondent pas à la question de la création d’une nouvelle économie. En outre, la facture entropique de deux siècles de CO², le dérèglement climatique, accélère l’agonie de notre ère. Nous allons affronter des changements immenses dans l’alchimie de notre biosphère.
La crise actuelle est-elle plus importante que les précédentes ?
Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce. Pour chaque degré d’augmentation de la température terrestre, nous aurons davantage de tempêtes, d’inondations, de sécheresses, d’hivers rudes, d’étés torrides, de tsunamis… Quant à l’économie, chaque fois qu’elle essaie de rebondir, elle s’écroule à nouveau parce que nous avons dépassé deux bornes essentielles : le pic de production pétrolière et celui de quantité de pétrole disponible par habitant. Les réserves de pétrole diminuent alors que les besoins de pays tels que la Chine augmentent massivement. Face au réchauffement climatique et à la fin de la civilisation du pétrole, que faisons-nous ?
Votre livre propose un avenir argumenté et désirable pour l’humanité. Alors que l’on déplore souvent le manque de vision des leaders politiques, pourquoi ne s’inspirent-ils pas de votre grand récit ?
Je viens de rencontrer François Hollande, Arnaud Montebourg et Eva Joly. Ma vision n’infuse pas encore suffisamment les discours politiques mais ça va venir. Comment se produisent les grandes révolutions économiques et sociales ? Il s’agit toujours d’un bon énergétique qui converge avec un bond des communications. Au XIXème siècle, on est passé des machines manuelles aux machines à vapeur. Avec la vapeur sont arrivé l’école publique obligatoire, les chemins de fer, la transformation de la population en force de travail pour faire fonctionner cette nouvelle industrie de la vapeur et du charbon. Au XXème siècle, l’invention de l’électricité a abouti aux grandes entreprises énergétiques, à la radio, au téléphone, à la télévision, etc. Aujourd’hui, la troisième révolution industrielle (TRI) naîtra de la convergence entre une nouvelle énergie et un nouveau système de communication. Internet représente une révolution car c’est un système coopératif mondial qui a inventé un pouvoir latéral tout à fait différent du pouvoir vertical. Le peer-to-peer a remplacé la hiérarchie, c’est un changement fondamental. La structure coopérative et redistributrice d’internet peut prendre en charge la distribution des nouvelles énergies vertes. La convergence est parfaite.
Pouvez-vous résumer la TRI et dire où on en est concrètement ?
Les choses bougent, même si le grand public n’en est pas toujours conscient. L’Allemagne s’engage concrètement et rapidement dans la TRI. Pilier 1 : passer aux énergies renouvelables. L’Allemagne y travaille et l’Europe a décidé d’atteindre 20% d’énergies durables d’ici 2020. Pilier 2 : collecter sur site les énergies renouvelables. Contrairement au charbon et au pétrole, le soleil, le vent, l’eau, la géothermie, la biomasse existent partout et à l’infini. Pourquoi les collecter par des centrales ? Il faut envisager un bâtiment énergétique : chaque maison, chaque immeuble peut devenir sa propre centrale énergétique, de la même façon que les lourds et rares ordinateurs professionnels se sont transformés en millions d’ordinateurs personnels légers. Bouygues est pionnier en la matière. Ce pilier 2 pourrait créer des millions d’emplois. Il existe déjà beaucoup de gens et de bâtiments qui produisent leur propre énergie verte, notamment en Allemagne. D’ici vingt ans, des centaines de millions de bâtiments autoproduiront leur énergie. Le pilier 3 est plus complexe : c’est le stockage des énergies vertes. Le soleil et le vent ne brillant pas et ne soufflant pas tous les jours, il faut les stocker. Il existe plusieurs techniques et ma préférence va à celle qui utilise l’hydrogène, disponible lui aussi partout et à profusion. Le pilier 4 est le plus cool : transformer le réseau énergétique mondial en réseau de partage et de redistribution, exactement comme internet. C’est là que convergent la nouvelle énergie et le nouveau système de communication. Des millions de bâtiments collectent sur site leur énergie verte, la stockent grâce à l'hydrogène. Les bâtiments en excédent d’énergie pourraient alors la vendre par internet aux bâtiments qui en manquent. Une société comme EDF ne fournira plus d’énergie mais vendra son assistance technique à la gestion du réseau, exactement comme les boîtes d’informatique. Ce n’est pas une utopie. Le pilier 5 correspond à la voiture électrique. Bientôt, il y aura des prises pour voitures dans chaque garage ou parking, et même dans les maisons. Cette voiture intelligente se rechargera et effectuera le paiement pendant que vous dormez. Le plus important consiste à lier ces cinq piliers et les développer ensemble. C’est le problème d’Obama : il développe des programmes verts mais de façon non coordonnée, il lui manque la narration complète de la TRI.
Vous parlez à Merkel ou Hollande mais pas à Obama ?
L’un des problèmes de l’Amérique, c’est que les grosses compagnies énergétiques financent les campagnes électorales et peuvent littéralement acheter les candidats et la législation. Si Obama n’a pas encore saisi le récit complet de la TRI, en revanche la Californie l’a fait. Toute la Côte Ouest se met en mouvement vers les cinq piliers, ainsi que certains endroits de la Nouvelle-Angleterre ou le Texas du Sud, de San Antonio à Austin. Quand les Etats-Unis verront ce qui se passe en Europe, ils vont tous y venir.
Comment comptez-vous convaincre ces puissants lobbies qui tiennent leur pouvoir et leur richesse de l’ère carbone-pétrole ?
Bien sûr, ils n’aiment pas que l’on menace leur modèle. Mais certaines grosses sociétés comme Siemens, Bouygues, IBM, Daimler-Benz, Toyota ou Bosch s’engagent dans la TRI. Je ne crains pas les conglomérats qui résistent au changement. Nous détenons plus d’énergie qu’eux ! Tout le pétrole ou l’uranium du monde n’est rien comparé aux réserves inépuisables de soleil, de vent, d’eau, de biomasse et de géothermie.
On se demande comment les pays européens vont s’entendre sur un programme aussi vaste que la TRI alors qu’ils ne parviennent pas à résoudre ensemble la dette grecque…
J’ai parlé à de nombreux décideurs à travers l’Europe, je ne suis pas inquiet. L’Europe représente un réseau de vingt-sept pays qui doivent travailler ensemble, négocier, faire des compromis. Ça paraît sans doute très frustrant et difficile, mais c’est la démocratie ! J’explique aux gouvernements européens que je conseille qu’il faut appliquer l’austérité pour réduire les dettes mais accompagnée de certains principes. Primo : ne pas compromettre le rêve européen de la qualité de vie. Deuxio : garder le modèle social. Tertio : arbitrer correctement les coupes budgétaires de façon à ne pas gêner le développement durable. Je dis aux décideurs européens : faites vos réformes de court terme pour réduire les dettes mais le plus important, c’est de se mettre à bâtir un nouveau modèle économique et de raconter ce nouveau récit au public. Vous avez en Europe 500 millions de consommateurs, le meilleur marché potentiel du monde !
Par certains aspects, votre vision ressemble à de la science-fiction. Par exemple, les imprimantes 3D qui permettent à chacun de fabriquer ses produits.
Quand on aura démocratisé l’énergie solaire, l’étape suivante sera la démocratisation de la fabrication. Les imprimantes 3D existent déjà, des centaines de sociétés les utilisent. Avec une imprimante 3D connectée au logiciel adéquat, on peut fabriquer des ailes d’avion, des piles, des bijoux, ce qu’on veut. Ces imprimantes 3D peuvent devenir des petites unités industrielles moins chères et moins gourmandes en énergie que les usines. Ces produits pourraient ensuite se vendre sur internet, comme sur le site Etsy où des centaines d’artisans se connectent à des milliers d’acheteurs potentiels. Les relations horizontales nous emmènent vers un autre paradigme qui dépassera le capitalisme.
Vous dites aussi que la culture internet tue le machisme ?
Les premières mesures de Zapatero furent de légiférer contre le machisme, pour le droit des femmes. Je lui ai demandé pourquoi il avait fait passer ces lois en priorité. Il m’a répondu que la jeune génération allait s’affranchir des vieux paradigmes culturels comme le patriarcat. Le machisme, parallèle au pouvoir vertical, est voué à disparaître avec le pouvoir latéral.
La nouvelle génération internet dépasse-t-elle aussi le clivage gauche/droite ?
Absolument, ainsi que le vieux clivage capitalisme/socialisme. Ces catégories appartiennent au vieux monde. Pour des gens en-dessous de 35 ans, le clivage pertinent est : institution centralisée, pyramidale, patriarcale / institution coopérative, distributive, ouverte, transparente.
Vous citez les printemps arabes comme exemple de révolution de la génération internet contre le vieux monde patriarcal. Mais ce sont les religieux intégristes qui ont tiré bénéfice de ces révolutions. Vous ne craignez pas que des régressions réactionnaires entravent votre récit de l’avenir ?
J’ai confiance dans les jeunes générations, qui existent partout. Les gamins du printemps arabe sont plus proches de la génération Facebook que des vieilles mœurs tribales. Différents niveaux de conscience cohabitent : politique, religieuse, écologique, technologique, etc. Mais je crois à une avancée régulière vers le progrès, ce qu’indique l’histoire de l’humanité, malgré les régressions. Nous commençons à réaliser que nous sommes tous liés à l’état de notre biosphère. Ce que nous faisons, quel que soit l’endroit, l’affecte.
N’est-il pas risqué d’engager des pays et d’investir des millions dans une voie qui peut aussi ne pas réussir ?
Peut-être, mais le temps presse. La troisième révolution industrielle se fonde sur le bon sens. Nous devons sortir des énergies fossiles qui s’épuisent et détruisent la planète, c’est une évidence. Bon, je veux bien que mon récit ne soit pas parfait, que sa réussite ne soit pas garantie, mais si vous avez un plan B, dîtes-le moi.
D'autres liens sur Rifkin (il y en a plein !) :
http://www.rue89.com/2011/05/06/jeremy-rifkin-partageons-l-energie-comme-l-information-202691
http://www.telerama.fr/idees/sortir-de-l-egoisme-pour-sauver-la-planete,68939.php
et une vidéo parmi d'autres :
http://www.christian-faure.net/2012/02/21/interview-de-jeremy-rifkin-sur-la-troisieme-revolution-industrielle/
Edit admin : merci d'éviter les doubles message. La fonction "éditer" permet de revenir sans limite de temps compléter un message déjà posté.
Je voulais évoquer Jeremy Rifkin - http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin - dont les théories font écho à un autre livre, "La revanche du rameur" - http://www.larevanchedurameur.com - même s’il n’emploie pas les mêmes termes (il parle de pouvoir latéral à la place de l’hétérarchie, pense aussi l’empathie comme un moteur de civilisation…). Il a notamment écrit un best-seller : "Une nouvelle conscience pour un monde en crise, Civilisation de l'empathie".
Ci-joint une interview de Rifkin dans "Les Inrocks" qui vous donne quelques éléments sur ses idées.
Visions d’avenir
"Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce". Optimiste et enthousiaste, l’essayiste américain Jeremy Rifkin dessine dans "La troisième révolution industrielle" ce que sera l’aventure humaine du XXIème siècle. Article de Serge Kaganski.
Vous êtes miné par la crise économique, écologique, existentielle de nos sociétés ? Prenez un shoot de Rifkin ! Economiste, essayiste, activiste, auteur de best-seller tels que "La fin du travail" ou "L’Age de l’accès", Jeremy Rifkin récapitule ses réflexions dans son nouvel ouvrage, "La troisième révolution industrielle", pour nous livrer rien moins que notre avenir clés en main. Il y diagnostique la fin de l’ère du pétrole, échafaude notre nouveau monde fondé sur la convergence entre les énergies vertes et le web qui distribuera l’électricité comme on s’échange des fichiers musicaux. Le paradigme internet affectera aussi le travail, le social et le politique en remplaçant les vieilles structures hiérarchiques, pyramidales et verticales, par de nouvelles relations latérales, horizontales, coopératives, partageuses et démocratiques. La fin du père en somme, qu’il soit chef de famille, d’entreprise ou de gouvernement. Au passage, Rifkin règle leur compte au système éducatif actuel et aux théories économiques classiques (Adam Smith à la poubelle !), tout autant périmés selon lui que les énergies fossiles.
Si Rifkin n’a pas inventé les énergies renouvelables ni internet, il est le premier à connecter l’ensemble pour proposer le récit complet et très argumenté de l’aventure humaine du XXIème siècle. Le tout donne un drôle de mélange entre critique du capitalisme, messianisme vert et pragmatisme-optimisme à l’américaine. Autre bonne nouvelle, l’Europe est la plus avancée dans la réflexion et l’engagement vers ce nouveau monde ! L’essayiste visionnaire va même encore plus loin que la troisième révolution industrielle en imaginant une humanité épanouie par la fin du salariat et unie dans le village globale de la biosphère. Attention, Rifkin n’est pas un hurluberlu ou un doux utopiste : il parle régulièrement aux grands de ce monde (chefs de gouvernements, dirigeants d’entreprises), et supervise des équipes compétentes. Sa vision est crédible et réalisable, même si elle ne garantit pas à 100% un avenir radieux. Nous l’avons soumis à la question mais cet homme délicieux au bagout inépuisable a réponse à tout. Quand on lui demande si ce ne serait pas un risque énorme de se lancer à fond dans son programme, il a cette réaction spontanée : "Le plus grand risque serait de ne rien faire."
Dans la partie la plus révolutionnaire de "La troisième révolution industrielle", vous décrivez le passage du pouvoir vertical au pouvoir latéral sous l’effet d’internet. A votre avis, les détenteurs du pouvoir pyramidal actuel, économique ou politique, vont-ils accepter de se laisser déposséder ?
Jeremy Rifkin – Il y a quelques années, les multinationales du disque n’ont pas compris ce qu’était le pouvoir latéral. Des millions de gosses à travers le monde ont créé des outils software pour partager leurs musiques. Les gros labels ont d’abord pensé que c’était une plaisanterie puis ils se sont mis à paniquer, et à la fin la plupart ont déposé le bilan. Les journaux n’ont pas réalisé ce que représentait la blogosphère : des millions de gens partageant du savoir, des infos, des vidéos, etc. Ils les ont pris pour des amateurs. Maintenant, ces journaux déposent le bilan ou créent des sites et des blogs.
Nos problèmes économiques et sociaux sont-ils liés à la fin de l’ère du pétrole et des énergies fossiles ?
L’ère de la deuxième révolution industrielle agonise, on en voit les signes partout. Cette ère se fondait sur de gigantesques compagnies énergétiques centralisées, combinées aux énergies fossile et nucléaire. La crise a véritablement éclaté en 2008 quand le prix des produits de consommation a grimpé à la suite de l’augmentation du baril de brut. Dans leur grande majorité, les pesticides, les fertiliseurs, les vêtements, les médicaments, les matériaux de construction, les cosmétiques, etc, viennent du pétrole. L’économie mondiale est donc tombée en panne pendant un moment. La crise financière et bancaire qui a suivi quelques semaines plus tard représentait un afterchoc, et les afterchocs n’ont plus cessé depuis. En France, les dirigeants avec leurs programmes électoraux ont gardé le nez collé sur ces conséquences de la fin de l’ère du pétrole : réformes fiscales ou monétaires, code du travail, austérité ou croissance, etc. Tout cela est important à court à terme mais ne sert à rien à moyen terme : ces réformes ne répondent pas à la question de la création d’une nouvelle économie. En outre, la facture entropique de deux siècles de CO², le dérèglement climatique, accélère l’agonie de notre ère. Nous allons affronter des changements immenses dans l’alchimie de notre biosphère.
La crise actuelle est-elle plus importante que les précédentes ?
Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce. Pour chaque degré d’augmentation de la température terrestre, nous aurons davantage de tempêtes, d’inondations, de sécheresses, d’hivers rudes, d’étés torrides, de tsunamis… Quant à l’économie, chaque fois qu’elle essaie de rebondir, elle s’écroule à nouveau parce que nous avons dépassé deux bornes essentielles : le pic de production pétrolière et celui de quantité de pétrole disponible par habitant. Les réserves de pétrole diminuent alors que les besoins de pays tels que la Chine augmentent massivement. Face au réchauffement climatique et à la fin de la civilisation du pétrole, que faisons-nous ?
Votre livre propose un avenir argumenté et désirable pour l’humanité. Alors que l’on déplore souvent le manque de vision des leaders politiques, pourquoi ne s’inspirent-ils pas de votre grand récit ?
Je viens de rencontrer François Hollande, Arnaud Montebourg et Eva Joly. Ma vision n’infuse pas encore suffisamment les discours politiques mais ça va venir. Comment se produisent les grandes révolutions économiques et sociales ? Il s’agit toujours d’un bon énergétique qui converge avec un bond des communications. Au XIXème siècle, on est passé des machines manuelles aux machines à vapeur. Avec la vapeur sont arrivé l’école publique obligatoire, les chemins de fer, la transformation de la population en force de travail pour faire fonctionner cette nouvelle industrie de la vapeur et du charbon. Au XXème siècle, l’invention de l’électricité a abouti aux grandes entreprises énergétiques, à la radio, au téléphone, à la télévision, etc. Aujourd’hui, la troisième révolution industrielle (TRI) naîtra de la convergence entre une nouvelle énergie et un nouveau système de communication. Internet représente une révolution car c’est un système coopératif mondial qui a inventé un pouvoir latéral tout à fait différent du pouvoir vertical. Le peer-to-peer a remplacé la hiérarchie, c’est un changement fondamental. La structure coopérative et redistributrice d’internet peut prendre en charge la distribution des nouvelles énergies vertes. La convergence est parfaite.
Pouvez-vous résumer la TRI et dire où on en est concrètement ?
Les choses bougent, même si le grand public n’en est pas toujours conscient. L’Allemagne s’engage concrètement et rapidement dans la TRI. Pilier 1 : passer aux énergies renouvelables. L’Allemagne y travaille et l’Europe a décidé d’atteindre 20% d’énergies durables d’ici 2020. Pilier 2 : collecter sur site les énergies renouvelables. Contrairement au charbon et au pétrole, le soleil, le vent, l’eau, la géothermie, la biomasse existent partout et à l’infini. Pourquoi les collecter par des centrales ? Il faut envisager un bâtiment énergétique : chaque maison, chaque immeuble peut devenir sa propre centrale énergétique, de la même façon que les lourds et rares ordinateurs professionnels se sont transformés en millions d’ordinateurs personnels légers. Bouygues est pionnier en la matière. Ce pilier 2 pourrait créer des millions d’emplois. Il existe déjà beaucoup de gens et de bâtiments qui produisent leur propre énergie verte, notamment en Allemagne. D’ici vingt ans, des centaines de millions de bâtiments autoproduiront leur énergie. Le pilier 3 est plus complexe : c’est le stockage des énergies vertes. Le soleil et le vent ne brillant pas et ne soufflant pas tous les jours, il faut les stocker. Il existe plusieurs techniques et ma préférence va à celle qui utilise l’hydrogène, disponible lui aussi partout et à profusion. Le pilier 4 est le plus cool : transformer le réseau énergétique mondial en réseau de partage et de redistribution, exactement comme internet. C’est là que convergent la nouvelle énergie et le nouveau système de communication. Des millions de bâtiments collectent sur site leur énergie verte, la stockent grâce à l'hydrogène. Les bâtiments en excédent d’énergie pourraient alors la vendre par internet aux bâtiments qui en manquent. Une société comme EDF ne fournira plus d’énergie mais vendra son assistance technique à la gestion du réseau, exactement comme les boîtes d’informatique. Ce n’est pas une utopie. Le pilier 5 correspond à la voiture électrique. Bientôt, il y aura des prises pour voitures dans chaque garage ou parking, et même dans les maisons. Cette voiture intelligente se rechargera et effectuera le paiement pendant que vous dormez. Le plus important consiste à lier ces cinq piliers et les développer ensemble. C’est le problème d’Obama : il développe des programmes verts mais de façon non coordonnée, il lui manque la narration complète de la TRI.
Vous parlez à Merkel ou Hollande mais pas à Obama ?
L’un des problèmes de l’Amérique, c’est que les grosses compagnies énergétiques financent les campagnes électorales et peuvent littéralement acheter les candidats et la législation. Si Obama n’a pas encore saisi le récit complet de la TRI, en revanche la Californie l’a fait. Toute la Côte Ouest se met en mouvement vers les cinq piliers, ainsi que certains endroits de la Nouvelle-Angleterre ou le Texas du Sud, de San Antonio à Austin. Quand les Etats-Unis verront ce qui se passe en Europe, ils vont tous y venir.
Comment comptez-vous convaincre ces puissants lobbies qui tiennent leur pouvoir et leur richesse de l’ère carbone-pétrole ?
Bien sûr, ils n’aiment pas que l’on menace leur modèle. Mais certaines grosses sociétés comme Siemens, Bouygues, IBM, Daimler-Benz, Toyota ou Bosch s’engagent dans la TRI. Je ne crains pas les conglomérats qui résistent au changement. Nous détenons plus d’énergie qu’eux ! Tout le pétrole ou l’uranium du monde n’est rien comparé aux réserves inépuisables de soleil, de vent, d’eau, de biomasse et de géothermie.
On se demande comment les pays européens vont s’entendre sur un programme aussi vaste que la TRI alors qu’ils ne parviennent pas à résoudre ensemble la dette grecque…
J’ai parlé à de nombreux décideurs à travers l’Europe, je ne suis pas inquiet. L’Europe représente un réseau de vingt-sept pays qui doivent travailler ensemble, négocier, faire des compromis. Ça paraît sans doute très frustrant et difficile, mais c’est la démocratie ! J’explique aux gouvernements européens que je conseille qu’il faut appliquer l’austérité pour réduire les dettes mais accompagnée de certains principes. Primo : ne pas compromettre le rêve européen de la qualité de vie. Deuxio : garder le modèle social. Tertio : arbitrer correctement les coupes budgétaires de façon à ne pas gêner le développement durable. Je dis aux décideurs européens : faites vos réformes de court terme pour réduire les dettes mais le plus important, c’est de se mettre à bâtir un nouveau modèle économique et de raconter ce nouveau récit au public. Vous avez en Europe 500 millions de consommateurs, le meilleur marché potentiel du monde !
Par certains aspects, votre vision ressemble à de la science-fiction. Par exemple, les imprimantes 3D qui permettent à chacun de fabriquer ses produits.
Quand on aura démocratisé l’énergie solaire, l’étape suivante sera la démocratisation de la fabrication. Les imprimantes 3D existent déjà, des centaines de sociétés les utilisent. Avec une imprimante 3D connectée au logiciel adéquat, on peut fabriquer des ailes d’avion, des piles, des bijoux, ce qu’on veut. Ces imprimantes 3D peuvent devenir des petites unités industrielles moins chères et moins gourmandes en énergie que les usines. Ces produits pourraient ensuite se vendre sur internet, comme sur le site Etsy où des centaines d’artisans se connectent à des milliers d’acheteurs potentiels. Les relations horizontales nous emmènent vers un autre paradigme qui dépassera le capitalisme.
Vous dites aussi que la culture internet tue le machisme ?
Les premières mesures de Zapatero furent de légiférer contre le machisme, pour le droit des femmes. Je lui ai demandé pourquoi il avait fait passer ces lois en priorité. Il m’a répondu que la jeune génération allait s’affranchir des vieux paradigmes culturels comme le patriarcat. Le machisme, parallèle au pouvoir vertical, est voué à disparaître avec le pouvoir latéral.
La nouvelle génération internet dépasse-t-elle aussi le clivage gauche/droite ?
Absolument, ainsi que le vieux clivage capitalisme/socialisme. Ces catégories appartiennent au vieux monde. Pour des gens en-dessous de 35 ans, le clivage pertinent est : institution centralisée, pyramidale, patriarcale / institution coopérative, distributive, ouverte, transparente.
Vous citez les printemps arabes comme exemple de révolution de la génération internet contre le vieux monde patriarcal. Mais ce sont les religieux intégristes qui ont tiré bénéfice de ces révolutions. Vous ne craignez pas que des régressions réactionnaires entravent votre récit de l’avenir ?
J’ai confiance dans les jeunes générations, qui existent partout. Les gamins du printemps arabe sont plus proches de la génération Facebook que des vieilles mœurs tribales. Différents niveaux de conscience cohabitent : politique, religieuse, écologique, technologique, etc. Mais je crois à une avancée régulière vers le progrès, ce qu’indique l’histoire de l’humanité, malgré les régressions. Nous commençons à réaliser que nous sommes tous liés à l’état de notre biosphère. Ce que nous faisons, quel que soit l’endroit, l’affecte.
N’est-il pas risqué d’engager des pays et d’investir des millions dans une voie qui peut aussi ne pas réussir ?
Peut-être, mais le temps presse. La troisième révolution industrielle se fonde sur le bon sens. Nous devons sortir des énergies fossiles qui s’épuisent et détruisent la planète, c’est une évidence. Bon, je veux bien que mon récit ne soit pas parfait, que sa réussite ne soit pas garantie, mais si vous avez un plan B, dîtes-le moi.
D'autres liens sur Rifkin (il y en a plein !) :
http://www.rue89.com/2011/05/06/jeremy-rifkin-partageons-l-energie-comme-l-information-202691
http://www.telerama.fr/idees/sortir-de-l-egoisme-pour-sauver-la-planete,68939.php
et une vidéo parmi d'autres :
http://www.christian-faure.net/2012/02/21/interview-de-jeremy-rifkin-sur-la-troisieme-revolution-industrielle/
Edit admin : merci d'éviter les doubles message. La fonction "éditer" permet de revenir sans limite de temps compléter un message déjà posté.
Invité- Invité
Re: L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
Ca me laisse perplexe Comme ça, en vrac et à chaud:
Dans ce système, on continue à produire du déchet ( voiture électrique entre autres).
Il n'y a pas de réelle remise en question de la consommation outrancière. On continue à produire avec des imprimantes 3D. On est toujours considérés comme des consommateurs potentiels, comme un marché à conquérir. Et l'humain, dans tout ça? Il y a toujours une machine entre soi et son "besoin" de quelque chose. On est dans le kk si les machines se révoltent..
Nul doute que des petits malins s'approprieront les droits financiers sur la revente de l'énergie verte, en augmentant par exemple le coût des connexions internet de façon prohibitive. Ou comment continuer à faire de l'argent avec de l'air.
Le peer to peer est déjà interdit pour les échanges de fichiers. Alors pour un point aussi crucial que l'accès à l'énergie?
Finalement, on remplace un système par un autre, non? Et rien ne change, on n'est toujours pas autonome.
Dans ce système, on continue à produire du déchet ( voiture électrique entre autres).
Il n'y a pas de réelle remise en question de la consommation outrancière. On continue à produire avec des imprimantes 3D. On est toujours considérés comme des consommateurs potentiels, comme un marché à conquérir. Et l'humain, dans tout ça? Il y a toujours une machine entre soi et son "besoin" de quelque chose. On est dans le kk si les machines se révoltent..
Nul doute que des petits malins s'approprieront les droits financiers sur la revente de l'énergie verte, en augmentant par exemple le coût des connexions internet de façon prohibitive. Ou comment continuer à faire de l'argent avec de l'air.
Le peer to peer est déjà interdit pour les échanges de fichiers. Alors pour un point aussi crucial que l'accès à l'énergie?
Finalement, on remplace un système par un autre, non? Et rien ne change, on n'est toujours pas autonome.
Panthera Pardhus- Administrateur
- Date d'inscription : 11/12/2010
Re: L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
Je suis d'accord avec vous,
moi aussi cette pensée ne m'enchante pas trop....
C'est trop modernisant je trouve. Pas assez proche de la terre.
Et l'agriculture pour nourrir toute la population?, le partage des ressources?, diminuer le train de vie des pays riches?
C'est par exemple, plutôt monsieur Rhabi qui serait bénéfique pour conseiller les dirigeants politiques!
moi aussi cette pensée ne m'enchante pas trop....
C'est trop modernisant je trouve. Pas assez proche de la terre.
Et l'agriculture pour nourrir toute la population?, le partage des ressources?, diminuer le train de vie des pays riches?
C'est par exemple, plutôt monsieur Rhabi qui serait bénéfique pour conseiller les dirigeants politiques!
maluche- Age : 35
Localisation : Gembloux
Date d'inscription : 06/02/2012
Re: L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
Valerianne a écrit:Bonjour,bonjour à toi aussi
Je voulais évoquer Jeremy Rifkin - http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Rifkin - dont les théories font écho à un autre livre, "La revanche du rameur" - http://www.larevanchedurameur.com - même s’il n’emploie pas les mêmes termes (il parle de pouvoir latéral à la place de l’hétérarchie, pense aussi l’empathie comme un moteur de civilisation…). Il a notamment écrit un best-seller : "Une nouvelle conscience pour un monde en crise, Civilisation de l'empathie". hum...terme intéressant que cette hétérarchie, je retiens.
"Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce". Optimiste et enthousiaste, l’essayiste américain Jeremy Rifkin dessine dans "La troisième révolution industrielle" ce que sera l’aventure humaine du XXIème siècle. Article de Serge Kaganski.
Vous êtes miné par la crise économique, écologique, existentielle de nos sociétés ? Prenez un shoot de Rifkin ! Economiste, essayiste, activiste, auteur de best-seller tels que "La fin du travail" ou "L’Age de l’accès", Jeremy Rifkin récapitule ses réflexions dans son nouvel ouvrage, "La troisième révolution industrielle", pour nous livrer rien moins que notre avenir clés en main.
Il y diagnostique la fin de l’ère du pétrole, échafaude notre nouveau monde fondé sur la convergence entre les énergies vertes et le web qui distribuera l’électricité comme on s’échange des fichiers musicaux. Le paradigme internet affectera aussi le travail, le social et le politique en remplaçant les vieilles structures hiérarchiques, pyramidales et verticales, par de nouvelles relations latérales, horizontales, coopératives, partageuses et démocratiques.
La fin du père en somme, qu’il soit chef de famille, d’entreprise ou de gouvernement. Au passage, Rifkin règle leur compte au système éducatif actuel et aux théories économiques classiquespas trop tôt (Adam Smith à la poubelle !), tout autant périmés selon lui que les énergies fossiles.
Si Rifkin n’a pas inventé les énergies renouvelables ni internet, il est le premier à connecter l’ensemble pour proposer le récit complet et très argumenté de l’aventure humaine du XXIème siècle. Le tout donne un drôle de mélange entre critique du capitalisme, messianisme vert et pragmatisme-optimisme à l’américaine. Autre bonne nouvelle, l’Europe est la plus avancée dans la réflexion et l’engagement vers ce nouveau monde !
ouais, vive les petites villes et les villages à taille humaine
L’essayiste visionnaire va même encore plus loin que la troisième révolution industrielle en imaginant une humanité épanouie par la fin du salariat et unie dans le village globale de la biosphère. Attention, Rifkin n’est pas un hurluberlu ou un doux utopiste : il parle régulièrement aux grands de ce monde (chefs de gouvernements, dirigeants d’entreprises), et supervise des équipes compétentes.
Sa vision est crédible et réalisable, même si elle ne garantit pas à 100% un avenir radieux. Nous l’avons soumis à la question mais cet homme délicieux au bagout inépuisable a réponse à tout. Quand on lui demande si ce ne serait pas un risque énorme de se lancer à fond dans son programme, il a cette réaction spontanée : "Le plus grand risque serait de ne rien faire."
il a raison
Dans la partie la plus révolutionnaire de "La troisième révolution industrielle", vous décrivez le passage du pouvoir vertical au pouvoir latéral sous l’effet d’internet. A votre avis, les détenteurs du pouvoir pyramidal actuel, économique ou politique, vont-ils accepter de se laisser déposséder ?bonne question
Jeremy Rifkin – Il y a quelques années, les multinationales du disque n’ont pas compris ce qu’était le pouvoir latéral. Des millions de gosses à travers le monde ont créé des outils software pour partager leurs musiques. Les gros labels ont d’abord pensé que c’était une plaisanterie puis ils se sont mis à paniquer, et à la fin la plupart ont déposé le bilan. Les journaux n’ont pas réalisé ce que représentait la blogosphère :
des millions de gens partageant du savoir, des infos, des vidéos, etc. Ils les ont pris pour des amateurs. Maintenant, ces journaux déposent le bilan ou créent des sites et des blogs.pour le meilleur et le pire
Nos problèmes économiques et sociaux sont-ils liés à la fin de l’ère du pétrole et des énergies fossiles ?
L’ère de la deuxième révolution industrielle agonise, on en voit les signes partout. Cette ère se fondait sur de gigantesques compagnies énergétiques centralisées, combinées aux énergies fossile et nucléaire. La crise a véritablement éclaté en 2008 quand le prix des produits de consommation a grimpé à la suite de l’augmentation du baril de brut.
Dans leur grande majorité, les pesticides, les fertiliseurs, les vêtements, les médicaments, les matériaux de construction, les cosmétiques, etc, viennent du pétrole. L’économie mondiale est donc tombée en panne pendant un moment. La crise financière et bancaire qui a suivi quelques semaines plus tard représentait un afterchoc, et les afterchocs n’ont plus cessé depuis.
En France, les dirigeants avec leurs programmes électoraux ont gardé le nez collé sur ces conséquences de la fin de l’ère du pétrole : réformes fiscales ou monétaires, code du travail, austérité ou croissance, etc. Tout cela est important à court à terme mais ne sert à rien à moyen terme :
voila pourquoi, j'ai un gros doute sur ce que je vais faire le jour de l'élection, sieste ou ciné ? hum... mon coeur balance.
ces réformes ne répondent pas à la question de la création d’une nouvelle économie. En outre, la facture entropique de deux siècles de CO², le dérèglement climatique, accélère l’agonie de notre ère. Nous allons affronter des changements immenses dans l’alchimie de notre biosphère.
La crise actuelle est-elle plus importante que les précédentes ?
Nous sommes arrivés à un point décisif pour l’avenir de notre espèce. Pour chaque degré d’augmentation de la température terrestre, nous aurons davantage de tempêtes, d’inondations, de sécheresses, d’hivers rudes, d’étés torrides, de tsunamis…
Quant à l’économie, chaque fois qu’elle essaie de rebondir, elle s’écroule à nouveau parce que nous avons dépassé deux bornes essentielles : le pic de production pétrolière et celui de quantité de pétrole disponible par habitant. Les réserves de pétrole diminuent alors que les besoins de pays tels que la Chine augmentent massivement. Face au réchauffement climatique et à la fin de la civilisation du pétrole, que faisons-nous ?
Votre livre propose un avenir argumenté et désirable pour l’humanité. Alors que l’on déplore souvent le manque de vision des leaders politiques, pourquoi ne s’inspirent-ils pas de votre grand récit ?
Je viens de rencontrer François Hollande, Arnaud Montebourg et Eva Joly. Ma vision n’infuse pas encore suffisamment les discours politiques mais ça va venir.
faudra bien un jour, même les économistes respirent, mangent et boivent, il leur faut a eux aussi une biosphère en état de fonctionnement
Comment se produisent les grandes révolutions économiques et sociales ? Il s’agit toujours d’un bon énergétique qui converge avec un bond des communications.
Au XIXème siècle, on est passé des machines manuelles aux machines à vapeur. Avec la vapeur sont arrivé l’école publique obligatoire, les chemins de fer, la transformation de la population en force de travail pour faire fonctionner cette nouvelle industrie de la vapeur et du charbon. Au XXème siècle, l’invention de l’électricité a abouti aux grandes entreprises énergétiques, à la radio, au téléphone, à la télévision, etc.
Aujourd’hui, la troisième révolution industrielle (TRI) naîtra de la convergence entre une nouvelle énergie et un nouveau système de communication. Internet représente une révolution car c’est un système coopératif mondial qui a inventé un pouvoir latéral tout à fait différent du pouvoir vertical. Le peer-to-peer a remplacé la hiérarchie, c’est un changement fondamental. La structure coopérative et redistributrice d’internet peut prendre en charge la distribution des nouvelles énergies vertes. La convergence est parfaite.
là, j'ai zappé une partie du texte car elle ne correspond pas à ma vision personnelle, voiture électrique =
imprimante 3 D =
stockage de l'énergie par l'usage immodéré de l'hydrogène qui existe sois disant partout=
(à ma connaissance, il n'y a pas de puits naturels d'hydrogène, l'hydrogène est un vecteur de transformation d'énergie qu'il faut produire en utilisant beaucoup d'eau et beaucoup d'énergie électrique, d'où perte considérable d'énergie à tous les niveaux)
La nouvelle génération internet dépasse-t-elle aussi le clivage gauche/droite ?
Absolument, ainsi que le vieux clivage capitalisme/socialisme. Ces catégories appartiennent au vieux monde. Pour des gens en-dessous de 35 ans, le clivage pertinent est : institution centralisée, pyramidale, patriarcale / institution coopérative, distributive, ouverte, transparente.
Vous citez les printemps arabes comme exemple de révolution de la génération internet contre le vieux monde patriarcal. Mais ce sont les religieux intégristes qui ont tiré bénéfice de ces révolutions. Vous ne craignez pas que des régressions réactionnaires entravent votre récit de l’avenir ?
J’ai confiance dans les jeunes générations, qui existent partout.
Moi aussi
Les gamins du printemps arabe sont plus proches de la génération Facebook que des vieilles mœurs tribales. Différents niveaux de conscience cohabitent : politique, religieuse, écologique, technologique, etc. Mais je crois à une avancée régulière vers le progrès, ce qu’indique l’histoire de l’humanité, malgré les régressions. Nous commençons à réaliser que nous sommes tous liés à l’état de notre biosphère. Ce que nous faisons, quel que soit l’endroit, l’affecte.
N’est-il pas risqué d’engager des pays et d’investir des millions dans une voie qui peut aussi ne pas réussir ?
Peut-être, mais le temps presse. La troisième révolution industrielle se fonde sur le bon sens. Nous devons sortir des énergies fossiles qui s’épuisent et détruisent la planète, c’est une évidence. Bon, je veux bien que mon récit ne soit pas parfait, que sa réussite ne soit pas garantie, mais si vous avez un plan B, dîtes-le moi.
il faut créer un réseau de distribution de l'énergie électrique par câble qui englobe toute l'Europe et le Maghreb, nous installons chez nous des éoliennes, chez eux des champs de moteurs stirlings de nouvelle génération lien iciailleurs, énergie hydrolienne, etc.
l'énergie serait transférée en temps réel selon les besoins et les productions de chacun, ouais c'est du gros boulot d'ingénieur.
Sinon, pas mal
alain corrigible- Age : 54
Date d'inscription : 15/08/2011
Re: L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
alain corrigible a écrit:voila pourquoi, j'ai un gros doute sur ce que je vais faire le jour de l'élection, sieste ou ciné ? hum... mon coeur balance.
OK, mais juste après être allé voter, sinon je te parle plus. (Ou alors, est-ce que tu préfères laisser les autres voter pour la fille bleu marine ?)
Re: L'avenir va vers les groupes "hétérarchiques"
[total hs par rapport au sujet fort passionnant d'hétérarchie] faudra qu'on mette au point un candidat parce que Eva, je crois qu'elle est entrée dans la 4ième dimension pour cette élection là, elle parle même plus d'écologie dans son clip de campagne.
La lutte contre la discrimination des homos, la fin du 14 juillet, le jour de congé supplémentaire pour les musulmans, (toutes propositions méritant sans doute un passage télé, voire un référendum ) mais qu'est ce que ça à à foutre avec l'écologie ?
Déçu l'alain, déçu par la dame aux lunettes vertes qui à raté une estrade pour gueuler et s'arquebouter sur des sujets clairs et des propositions nettes, mais bon rassures toi philo, je vote chaque fois, je suis un bon citoyen.[ fin du hs, si vous voulez en faire un sujet à part merci de créer un sujet dédié]
je reviendrai sur l'hétérarchie quand j' y aurais réfléchi, merci de ne pas polluer ce sujet en attendant.
A plus.
La lutte contre la discrimination des homos, la fin du 14 juillet, le jour de congé supplémentaire pour les musulmans, (toutes propositions méritant sans doute un passage télé, voire un référendum ) mais qu'est ce que ça à à foutre avec l'écologie ?
Déçu l'alain, déçu par la dame aux lunettes vertes qui à raté une estrade pour gueuler et s'arquebouter sur des sujets clairs et des propositions nettes, mais bon rassures toi philo, je vote chaque fois, je suis un bon citoyen.[ fin du hs, si vous voulez en faire un sujet à part merci de créer un sujet dédié]
je reviendrai sur l'hétérarchie quand j' y aurais réfléchi, merci de ne pas polluer ce sujet en attendant.
A plus.
alain corrigible- Age : 54
Date d'inscription : 15/08/2011
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