Pourquoi la décroissance est nécessaire
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Pourquoi la décroissance est nécessaire
Rappel du premier message :
Bonjour,
ça faisait un petit moment que la différence entre SV et décroissance me titillait, et je crois que ça en titille d'autres. Donc je livre ici les résultats de mes lectures et cogitations, sur les différences entre SV et décroissance, et sur le besoin intrinsèque de chacune de ces notions de l'autre (commentaires bienvenus):
La SV et la décroissance sont-ils un même concept sous le même nom ? Les liens entre les deux peuvent se résumer par l'expression suivante : "penser global, agir local", que je traduirai par "penser collectif (décroissance), agir personnellement (SV)".
* La simplicité volontaire, démarche personnelle mais pas égocentrique.
Je ne vais pas revenir sur la définition de la SV, mais la démarche vient souvent d'une prise et conscience et d'une crise du sens : pourquoi perdre sa vie à la gagner, rejet des valeurs de notre société (économie, travail, argent, possessions ...) pour de nouvelles valeurs (temps, relations humaines, culture, éducation ...). Mais la SV n'est pas égocentrique pour autant (contrairement à la vision que j'en avais au début), il y a aussi une prise en compte de l'écologie et du social. Si l'on consomme local par exemple, ce n'est pas seulement parce que c'est meilleur ou plus sain, mais aussi pour des questions de transport, de coût social.
* La nécessité de la SV à l'échelle globale : la décroissance implique la SV
Bien que par définition le champs de la SV se limite a ses actions personnelles, la SV est fondamentale pour tout projet collectif comme la décroissance. D'ailleurs la SV est pour ainsi dire incluse dans le projet de décroissance, et chaque décroissant a une démarche de SV (le contraire n'étant pas forcément vrai).
Le constant est simple, il y a domination des riches sur les pauvres (inégalités), et du monde sur la nature (donc sur les générations futures). Il faudrait 4 planètes pour que tout le monde accède au mode de vie d'un français (7 pour un états-unien), il faut donc revenir à une démarche de frugalité (ou sobriété).
La démarche de simplicité volontaire a un impact direct positif (baisse de la consommation, des déchets, de la pollution,...), mais également indirect si l'on en croit "l’effet Veblen" (les classes "inférieurs" tendent à imiter le modèle de consommation des classes "supérieures" - lire le dernier Kempf).
Une démarche de SV est également indispensable pour se mobiliser au niveau collectif/politique. Un exemple simple, si l'on économise l'eau au quotidien (pendant le brossage, la douche, la vaisselle etc.) alors on sera plus prompt à se mobiliser contre les fuites du réseau d'eau de sa commune (ce qui peut entraîner d'autres questions, comme la remunicipalisation de l'eau).
* Les limites de la démarche personnelle
Je vois plusieurs limites à la seule démarche personnelle, qui nécessite un projet collectif de société :
- Stigmatisation : il est parfois difficile socialement de faire des choix dans une société comme la notre : le refus de la voiture, de la télévision, de l'avion, du portable peuvent entraîner une mise à l'écart, particulièrement les enfants.
- La décolonisation de l'imaginaire est nécessaire : certains choix de vies en rapport avec la SV sont difficiles à mettre en oeuvre dans notre société et son idéologie. Il est par exemple difficile de manger végétarien au restaurant ou dans les cantines etc. (celà peut renvoyer au premier point), d'échapper aux ondes des portables des autres ...
- Certains choix collectifs affectent les choix personnels : par exemple les OGM ou les nanotechnologies qui peuvent se disséminer, l'interdiction à kokopeli de vendre des semences de vieilles variétés pour protéger la biodiversité, le choix politique du nucléaire (ce qui fait que l'alternative au nucléaire est très difficile, surtout à l'extérieur) ...
- Certaines alternatives sont confrontés à la "concurrence déloyale" du système actuel qui ne prend pas en compte les coûts environementaux (tranports ...) et sociaux (sueur du sud). Pour le textile par exemple, il est dur d'acheter local, notamment car le textile chinois (polluant et socialement catastrophique) peut être vendu à bas prix, ce qui ne facilite pas la viabilité du local (et la décolonisation de notre imaginaire car nous avons intégré un prix moyen très bas pour le textile).
- Enfin malgré les bonnes intentions personnelles, on peut difficilement éviter une sorte d'effet rebond : on ne contrôle plus l'argent dépensé : votre maraîché bio va peut être s'acheter un 4x4 pour rouler au Sahara ! (les actions de SV qui convergent vers l'autonomie ne souffrent pas de ce problème : faire son potager, etc.).
* La décroissance, projet collectif, voir politique
Pour toutes ces raisons un projet collectif est nécessaire, ce peut être celui de la décroissance. La décroissance se nourrit des mêmes constats : la crise écologique et sociale nécessite de changer nos habitudes, et la perte des valeurs et des identités rendent se changement souhaitable (même s'il n'y avait pas de crise écologique imminente !). La décroissance nécessite la SV au niveau individuel, mais propose d'apporter des solutions au niveau collectif et politique.
Par exemple on peut intégrer dans le coût des produits tous les coûts cachés, pris en charge actuellement par les pays du Sud (condition sociales, pollution, recyclage ...), la nature (pillage, surexploitation), les collectivités (construction, réparation des routes, insécurité routière ...). On peut aussi définir le coût des choses par leur bonne utilisation. Paul Ariès parle de gratuité de l'usage, et de renchérissement du mésusage (pourquoi payer l'eau le même prix pour faire la cuisine ou remplir une piscine ?).
Mon propos n'est pas ici de présenter un projet exhaustif de la décroissance, car d'une part je n'en connais pas et je ne sais pas s'il en existe un complet (et puis il y a des projets qui s'opposent, la décroissance étant multiple).
J'espère avoir été assez clair sur les différences que je fais entre décroissance et SV, et des liens (essentiels) entre les deux concepts.
Bonjour,
ça faisait un petit moment que la différence entre SV et décroissance me titillait, et je crois que ça en titille d'autres. Donc je livre ici les résultats de mes lectures et cogitations, sur les différences entre SV et décroissance, et sur le besoin intrinsèque de chacune de ces notions de l'autre (commentaires bienvenus):
La SV et la décroissance sont-ils un même concept sous le même nom ? Les liens entre les deux peuvent se résumer par l'expression suivante : "penser global, agir local", que je traduirai par "penser collectif (décroissance), agir personnellement (SV)".
* La simplicité volontaire, démarche personnelle mais pas égocentrique.
Je ne vais pas revenir sur la définition de la SV, mais la démarche vient souvent d'une prise et conscience et d'une crise du sens : pourquoi perdre sa vie à la gagner, rejet des valeurs de notre société (économie, travail, argent, possessions ...) pour de nouvelles valeurs (temps, relations humaines, culture, éducation ...). Mais la SV n'est pas égocentrique pour autant (contrairement à la vision que j'en avais au début), il y a aussi une prise en compte de l'écologie et du social. Si l'on consomme local par exemple, ce n'est pas seulement parce que c'est meilleur ou plus sain, mais aussi pour des questions de transport, de coût social.
* La nécessité de la SV à l'échelle globale : la décroissance implique la SV
Bien que par définition le champs de la SV se limite a ses actions personnelles, la SV est fondamentale pour tout projet collectif comme la décroissance. D'ailleurs la SV est pour ainsi dire incluse dans le projet de décroissance, et chaque décroissant a une démarche de SV (le contraire n'étant pas forcément vrai).
Le constant est simple, il y a domination des riches sur les pauvres (inégalités), et du monde sur la nature (donc sur les générations futures). Il faudrait 4 planètes pour que tout le monde accède au mode de vie d'un français (7 pour un états-unien), il faut donc revenir à une démarche de frugalité (ou sobriété).
La démarche de simplicité volontaire a un impact direct positif (baisse de la consommation, des déchets, de la pollution,...), mais également indirect si l'on en croit "l’effet Veblen" (les classes "inférieurs" tendent à imiter le modèle de consommation des classes "supérieures" - lire le dernier Kempf).
Une démarche de SV est également indispensable pour se mobiliser au niveau collectif/politique. Un exemple simple, si l'on économise l'eau au quotidien (pendant le brossage, la douche, la vaisselle etc.) alors on sera plus prompt à se mobiliser contre les fuites du réseau d'eau de sa commune (ce qui peut entraîner d'autres questions, comme la remunicipalisation de l'eau).
* Les limites de la démarche personnelle
Je vois plusieurs limites à la seule démarche personnelle, qui nécessite un projet collectif de société :
- Stigmatisation : il est parfois difficile socialement de faire des choix dans une société comme la notre : le refus de la voiture, de la télévision, de l'avion, du portable peuvent entraîner une mise à l'écart, particulièrement les enfants.
- La décolonisation de l'imaginaire est nécessaire : certains choix de vies en rapport avec la SV sont difficiles à mettre en oeuvre dans notre société et son idéologie. Il est par exemple difficile de manger végétarien au restaurant ou dans les cantines etc. (celà peut renvoyer au premier point), d'échapper aux ondes des portables des autres ...
- Certains choix collectifs affectent les choix personnels : par exemple les OGM ou les nanotechnologies qui peuvent se disséminer, l'interdiction à kokopeli de vendre des semences de vieilles variétés pour protéger la biodiversité, le choix politique du nucléaire (ce qui fait que l'alternative au nucléaire est très difficile, surtout à l'extérieur) ...
- Certaines alternatives sont confrontés à la "concurrence déloyale" du système actuel qui ne prend pas en compte les coûts environementaux (tranports ...) et sociaux (sueur du sud). Pour le textile par exemple, il est dur d'acheter local, notamment car le textile chinois (polluant et socialement catastrophique) peut être vendu à bas prix, ce qui ne facilite pas la viabilité du local (et la décolonisation de notre imaginaire car nous avons intégré un prix moyen très bas pour le textile).
- Enfin malgré les bonnes intentions personnelles, on peut difficilement éviter une sorte d'effet rebond : on ne contrôle plus l'argent dépensé : votre maraîché bio va peut être s'acheter un 4x4 pour rouler au Sahara ! (les actions de SV qui convergent vers l'autonomie ne souffrent pas de ce problème : faire son potager, etc.).
* La décroissance, projet collectif, voir politique
Pour toutes ces raisons un projet collectif est nécessaire, ce peut être celui de la décroissance. La décroissance se nourrit des mêmes constats : la crise écologique et sociale nécessite de changer nos habitudes, et la perte des valeurs et des identités rendent se changement souhaitable (même s'il n'y avait pas de crise écologique imminente !). La décroissance nécessite la SV au niveau individuel, mais propose d'apporter des solutions au niveau collectif et politique.
Par exemple on peut intégrer dans le coût des produits tous les coûts cachés, pris en charge actuellement par les pays du Sud (condition sociales, pollution, recyclage ...), la nature (pillage, surexploitation), les collectivités (construction, réparation des routes, insécurité routière ...). On peut aussi définir le coût des choses par leur bonne utilisation. Paul Ariès parle de gratuité de l'usage, et de renchérissement du mésusage (pourquoi payer l'eau le même prix pour faire la cuisine ou remplir une piscine ?).
Mon propos n'est pas ici de présenter un projet exhaustif de la décroissance, car d'une part je n'en connais pas et je ne sais pas s'il en existe un complet (et puis il y a des projets qui s'opposent, la décroissance étant multiple).
J'espère avoir été assez clair sur les différences que je fais entre décroissance et SV, et des liens (essentiels) entre les deux concepts.
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Bonjour Korrotx,
En effet, les mots « classe » et « élégance » ont pour moi un aspect superficiel et dès lors une connotation péjorative à mes yeux. Je soupçonnais bien que tu ne leur donnais pas la même signification. Je devrais m'habituer à cette nouvelle signification, car elle n'est pas du tout automatique pour moi.
Sans doute que j'ai tendance à utiliser le mot « juste » quand tu utilises « classe »
En effet, je comprends mieux, cela fait sens pour moi aussi. Classe quoi
En ce qui concerne nos motivations pour le local/global. Je comprends aussi mieux ton point de vue à présent. Je fonctionne un peu différemment car loin de la nature, et pas tellement attirée par elle (j'ai du chemin à faire ) Moi c'est plus la solidarité qui fait sens, et le fait de me sentir faire partie du tout. J'entends que pour toi c'est le côté proche de la nature, être en symbiose avec elle, et l'autonomie, qui sont les motivations premières.
C'est en effet très claaaaaaasse
Pour ce qui est de Jean Sur, je ne suis pas vraiment convaincue. C'est vrai, il parle un peu de coeur et de sentiments. Mais ses mots restent cinglants. Il est dans la critique, féroce parfois. Il décrit des choses extérieures à lui, et utilise très rarement le « je ». Je n'y ressens pas tant de bienveillance, de générosité, de recherche à positiver.
En effet, les mots « classe » et « élégance » ont pour moi un aspect superficiel et dès lors une connotation péjorative à mes yeux. Je soupçonnais bien que tu ne leur donnais pas la même signification. Je devrais m'habituer à cette nouvelle signification, car elle n'est pas du tout automatique pour moi.
Sans doute que j'ai tendance à utiliser le mot « juste » quand tu utilises « classe »
Si je peux le remplacer par des choses dont je maîtrise au moins en partie la production et l'acheminement jusqu'à moi, très certainement.Si tu n'avais pas connaissance du problème de pollution, de réchauffement climatique, de pénurie, d'injustices sociales que cela génère, ainsi que des guerres que cela engendre; ou si carrément, ces problèmes n'existaient pas du tout : choisirais-tu quand même de limiter ta consommation?
En effet, je comprends mieux, cela fait sens pour moi aussi. Classe quoi
En ce qui concerne nos motivations pour le local/global. Je comprends aussi mieux ton point de vue à présent. Je fonctionne un peu différemment car loin de la nature, et pas tellement attirée par elle (j'ai du chemin à faire ) Moi c'est plus la solidarité qui fait sens, et le fait de me sentir faire partie du tout. J'entends que pour toi c'est le côté proche de la nature, être en symbiose avec elle, et l'autonomie, qui sont les motivations premières.
C'est en effet très claaaaaaasse
Pour ce qui est de Jean Sur, je ne suis pas vraiment convaincue. C'est vrai, il parle un peu de coeur et de sentiments. Mais ses mots restent cinglants. Il est dans la critique, féroce parfois. Il décrit des choses extérieures à lui, et utilise très rarement le « je ». Je n'y ressens pas tant de bienveillance, de générosité, de recherche à positiver.
calispera- pionnier
- Date d'inscription : 15/10/2006
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Pour ma part ce n'est pas la proximité de la nature qui me rend réticent face au "penser global". D'ailleurs la "nature" je ne saurais dire ce que c'est. En revanche je tends vers une vie moins "hors-sol" (comme dit Deun), peut-être est-ce aussi ce que tu voulais dire.calispera a écrit:Je comprends aussi mieux ton point de vue à présent. Je fonctionne un peu différemment car loin de la nature, et pas tellement attirée par elle (j'ai du chemin à faire Wink ) Moi c'est plus la solidarité qui fait sens, et le fait de me sentir faire partie du tout. J'entends que pour toi c'est le côté proche de la nature, être en symbiose avec elle, et l'autonomie, qui sont les motivations premières.
Et je tends (au moins en intention) effectivement vers un mode de vie impliquant une certaine autonomie, et dans lequel les limites et contraintes des écosystèmes se font directement sentir, plutôt que d'être imaginées au travers de calculs standardisés d'empreinte écologique.
Mais la solidarité fait également sens pour moi, comme j'en parlais d'ailleurs ici.
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Pour moi la nature c'est ce qui n'est pas domestiqué par l'homme. Vivant en ville je vis donc loin de la nature
calispera- pionnier
- Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 15/10/2006
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Coucou calispera...
... et la nature humaine ?
... et la nature humaine ?
Invité- Invité
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Pour moi la nature humaine c'est ce qui, en nous, n'est pas domestiqué, conditionné, contrôlé, embrigadé. Cela peut s'exprimer de manière brute, comme par exemple la violence, ou de manière plus évoluée, comme par exemple la bienveillance.
C'est ce qui me vient à l'esprit pour le moment.
C'est ce qui me vient à l'esprit pour le moment.
calispera- pionnier
- Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 15/10/2006
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Bonjour,
Cette discussion est déjà bien alimentée. Mais je voudrais dire que pour moi, il n'y a pas de "concurrence", d'opposition entre Décroissance et simplicité volontaire et je dois dire que votre débat me surprend. A titre d'exemple, je fais partie d'un groupe Décroissance en Suisse, et il y a un groupe sur la simplicité volontaire. Je trouve, Calispera, assez virulente.
Je ne suis pas d'accord pour dire que la décroissance ne propose rien de constructif. On peut essayer de changer des lois. En Suisse, nous disposons de la possibilité d'organiser des référendums (à condition de recueillir un certain nombre de signatures). C'est long, laborieux, mais ce n'est pas impossible et dans tous les cas, l'initiative aura eu le mérite d'amener le débat à l'échelle d'un canton ou du pays, ce qui n'est pas rien!
Par ailleurs, Calispera reproche à la décroissance de ne pas prendre en compte la spiritualité. Je pense que la raison en est que nombre de ces collectifs se veulent aconfessionnels, ce qui est plutôt sain, je pense. Mais il est vrai qu'il serait intéressant de faire un travail de recherche sur la simplicité volontaire dans les religions (les ermites dans le christianisme, les saddhu dans l'hindouisme, la pratique du jeûne (carême, ramadan), une certaine austérité prônée par le protestantisme (même si c'est le même qui fait l'apologie du travail et qui a mené au capitalisme). Mon credo à moi, c'est de penser qu'on ne peut véritablement inventer quelque chose de nouveau si on n'a pas conscience de l'origine de ses idées...
electronlibre
Cette discussion est déjà bien alimentée. Mais je voudrais dire que pour moi, il n'y a pas de "concurrence", d'opposition entre Décroissance et simplicité volontaire et je dois dire que votre débat me surprend. A titre d'exemple, je fais partie d'un groupe Décroissance en Suisse, et il y a un groupe sur la simplicité volontaire. Je trouve, Calispera, assez virulente.
Je ne suis pas d'accord pour dire que la décroissance ne propose rien de constructif. On peut essayer de changer des lois. En Suisse, nous disposons de la possibilité d'organiser des référendums (à condition de recueillir un certain nombre de signatures). C'est long, laborieux, mais ce n'est pas impossible et dans tous les cas, l'initiative aura eu le mérite d'amener le débat à l'échelle d'un canton ou du pays, ce qui n'est pas rien!
Par ailleurs, Calispera reproche à la décroissance de ne pas prendre en compte la spiritualité. Je pense que la raison en est que nombre de ces collectifs se veulent aconfessionnels, ce qui est plutôt sain, je pense. Mais il est vrai qu'il serait intéressant de faire un travail de recherche sur la simplicité volontaire dans les religions (les ermites dans le christianisme, les saddhu dans l'hindouisme, la pratique du jeûne (carême, ramadan), une certaine austérité prônée par le protestantisme (même si c'est le même qui fait l'apologie du travail et qui a mené au capitalisme). Mon credo à moi, c'est de penser qu'on ne peut véritablement inventer quelque chose de nouveau si on n'a pas conscience de l'origine de ses idées...
electronlibre
Invité- Invité
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Salut electronlibre,
J'ai un peu la flemme de relire toute cette discussion mais je suis d'accord avec toi qu'il n'y a pas de "concurrence", d'opposition entre Décroissance et Simplicité Volontaire.
Cependant, il y a une grande nuance entre un mouvement politique d'un côté et une démarche personnelle de l'autre. Les politiques, surtout quand ils sont radicaux (pas au sens suisse ), sont susceptibles de positions très dogmatiques et extrêmes. C'est quelque chose que je peux comprendre ("qui veut la fin...", "la situation est trop grave pour..." etc) mais je peux aussi comprendre que cela en choque certains.
J'ai un peu la flemme de relire toute cette discussion mais je suis d'accord avec toi qu'il n'y a pas de "concurrence", d'opposition entre Décroissance et Simplicité Volontaire.
Cependant, il y a une grande nuance entre un mouvement politique d'un côté et une démarche personnelle de l'autre. Les politiques, surtout quand ils sont radicaux (pas au sens suisse ), sont susceptibles de positions très dogmatiques et extrêmes. C'est quelque chose que je peux comprendre ("qui veut la fin...", "la situation est trop grave pour..." etc) mais je peux aussi comprendre que cela en choque certains.
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Electronlibre,
C'est vrai que mon premier post est assez radical, mais par la suite il est nuancé quand il a été exprimé qu'il y a plusieurs mouvements de décroissance, et que celui que je visais était celui de ceux qui publient le journal du même nom, et pas mal de gens en Belgique s'identifient à ce mouvement-là, mais cela change.
Car il est vrai qu'à présent j'ai rencontré quelques personnes impliquée pour la décroissance et dont la démarche est fort proche de la simplicité volontaire, action solidaire en plus. Cependant, à la journée de la décroissance qui a eu lieu en février à l'université libre de Bruxelles (un rassemblement de plus de 500 personnes), j'ai trouvé que l'accent était peu mis sur les changements individuels possible (consommation-sobriété).
D'autre part, en ce qui concerne la spiritualité, je ne la lie pas du tout à la religion, pas plus que je ne lierais l'exercice physique à un sport particulier. Ma propre spiritualité n'est pas liée à une divinité ni a une doctrine ou des dogmes. Elle vient de ma propre expérience et de ce qui fait écho en moi lorsque d'autres m'en parlent.
Et les décroissants que j'avais rencontrés étaient très loin de ce genre de registre, mais je commence à rencontrer d'autres personnes et vois que le concept s'élargit.
C'est vrai que mon premier post est assez radical, mais par la suite il est nuancé quand il a été exprimé qu'il y a plusieurs mouvements de décroissance, et que celui que je visais était celui de ceux qui publient le journal du même nom, et pas mal de gens en Belgique s'identifient à ce mouvement-là, mais cela change.
Car il est vrai qu'à présent j'ai rencontré quelques personnes impliquée pour la décroissance et dont la démarche est fort proche de la simplicité volontaire, action solidaire en plus. Cependant, à la journée de la décroissance qui a eu lieu en février à l'université libre de Bruxelles (un rassemblement de plus de 500 personnes), j'ai trouvé que l'accent était peu mis sur les changements individuels possible (consommation-sobriété).
D'autre part, en ce qui concerne la spiritualité, je ne la lie pas du tout à la religion, pas plus que je ne lierais l'exercice physique à un sport particulier. Ma propre spiritualité n'est pas liée à une divinité ni a une doctrine ou des dogmes. Elle vient de ma propre expérience et de ce qui fait écho en moi lorsque d'autres m'en parlent.
Et les décroissants que j'avais rencontrés étaient très loin de ce genre de registre, mais je commence à rencontrer d'autres personnes et vois que le concept s'élargit.
calispera- pionnier
- Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 15/10/2006
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Bonsoir,
Bon, je viens de passer la soirée à essayer de saisir les points de vue de chacun sur la décroissance.
Avant d'aller plus loin, je tiens à signaler que je connais la décroissance surtout par le journal de casseurs de pub - oui celui-là même qui est si décrié dans ce fil. Bon, il faut dire aussi que j'ai découvert ce journal qu'assez récemment, et qu'il a peut être évolué un peu depuis les premières interventions de ce fil.
Il est certain que la perception de chacun dépend de son cheminement (développement ?) personnel. Le journal "la décroissance", j'aime bien le lire. Je ne partage pas toutes leurs idées, certaines réactions sont parfois un peu directes ou extrêmes. Mais en prenant du recul, rien qu'en pensant "ils vont un peu loin, là", ça aide à se situer soi-même. De ce point de vue, ils représentent à mes yeux un journal moins "niais" que le tout-venant. Certaines idées développées vont assez dans le sens de la sobriété volontaire - une rubrique porte d'ailleurs ce nom, où des gens témoignent de leurs choix de vie volontairement sobres. "La saloperie que nous n'achèterons pas ce mois-ci" vise souvent assez juste. Même si on est d'accord, rien que le titre peut rebuter plus d'un.
En tous cas, la décroissance telle que présentée dans ce journal s'attaque à vouloir changer la société, en utilisant il est vrai une critique "frontale". C'est surtout par cette approche qu'elle diffère selon moi de la simplicité volontaire.
Pour moi, la SV, c'est la vertu de l'exemple (comme l'explique Raffa dans sa "synthèse" sur la SV). Et c'est une méthode autrement plus immédiate -il y a tout de suite du résultat; et pédagogue - en voyant que ça marche, les gens finissent par s'intéresser d'eux-mêmes. Le cheminement est ici initié personnellement, en visant à se transmettre.
Deux approches différentes en somme, et complémentaires?
Car si la SV nous permet de vivre en harmonie avec nos convictions, et le monde qui nous entoure, cela n'est à mon sens pas suffisant. Ou du moins, pas "élégant" au sens ou cela revient à avoir trouvé une solution au problème, mais de ne pas essayer de l'appliquer à grande échelle du fait de la difficulté à changer la société dans son ensemble. Toujours cette limite entre difficulté et impossibilité parfois ténue.
Bon, je viens de passer la soirée à essayer de saisir les points de vue de chacun sur la décroissance.
Avant d'aller plus loin, je tiens à signaler que je connais la décroissance surtout par le journal de casseurs de pub - oui celui-là même qui est si décrié dans ce fil. Bon, il faut dire aussi que j'ai découvert ce journal qu'assez récemment, et qu'il a peut être évolué un peu depuis les premières interventions de ce fil.
Il est certain que la perception de chacun dépend de son cheminement (développement ?) personnel. Le journal "la décroissance", j'aime bien le lire. Je ne partage pas toutes leurs idées, certaines réactions sont parfois un peu directes ou extrêmes. Mais en prenant du recul, rien qu'en pensant "ils vont un peu loin, là", ça aide à se situer soi-même. De ce point de vue, ils représentent à mes yeux un journal moins "niais" que le tout-venant. Certaines idées développées vont assez dans le sens de la sobriété volontaire - une rubrique porte d'ailleurs ce nom, où des gens témoignent de leurs choix de vie volontairement sobres. "La saloperie que nous n'achèterons pas ce mois-ci" vise souvent assez juste. Même si on est d'accord, rien que le titre peut rebuter plus d'un.
En tous cas, la décroissance telle que présentée dans ce journal s'attaque à vouloir changer la société, en utilisant il est vrai une critique "frontale". C'est surtout par cette approche qu'elle diffère selon moi de la simplicité volontaire.
Pour moi, la SV, c'est la vertu de l'exemple (comme l'explique Raffa dans sa "synthèse" sur la SV). Et c'est une méthode autrement plus immédiate -il y a tout de suite du résultat; et pédagogue - en voyant que ça marche, les gens finissent par s'intéresser d'eux-mêmes. Le cheminement est ici initié personnellement, en visant à se transmettre.
Deux approches différentes en somme, et complémentaires?
Car si la SV nous permet de vivre en harmonie avec nos convictions, et le monde qui nous entoure, cela n'est à mon sens pas suffisant. Ou du moins, pas "élégant" au sens ou cela revient à avoir trouvé une solution au problème, mais de ne pas essayer de l'appliquer à grande échelle du fait de la difficulté à changer la société dans son ensemble. Toujours cette limite entre difficulté et impossibilité parfois ténue.
wtotof- Age : 45
Localisation : Caluire (69)
Date d'inscription : 12/11/2009
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Bonjour tout le monde:D,
Peut-être parce que ce journal a tendance à vouloir être l'arbitre du Bien et du Mal (j'ai le droit de décider par moi-même ce qu'est une "saloperie" ou non pour mon usage), et qu'au final il ne fait que prêcher des convaincus et sert de repoussoir hors de ce cercle de convaincus ? Peut-être aussi parce qu'il fait l'impasse sur des sujets de société importants comme la nation ou la religion ; mais ça ce sont des sujets "de droite", presque "fascistes", bouh vilain pas beau Alors qu'en y réfléchissant un peu, aimer son pays c'est souhaiter qu'il soit libre des puissances financières étrangères, protéger son environement, encourager son indépendance énergétique (donc recours aux énergies renouvelables), et améliorer la solidarité entre citoyens. Et que l'enseignement de l'Eglise n'est finalement pas si éloigné que ça de la SV (ne pas trop s'attacher aux biens matériels, partager, etc...).
La décroissance est condamnée en tant que programme politique, car elle ne constitue pas une fin une soi (d'ailleurs comme la SV). Ce n'est qu'un moyen qui aide à trouver un sens à sa vie. Donc il faut à mon sens lutter contre la décroissance politique (le "décroissancisme") qui ne peut que mener au fanatisme
wtotof a écrit:
...
Avant d'aller plus loin, je tiens à signaler que je connais la décroissance surtout par le journal de casseurs de pub - oui celui-là même qui est si décrié dans ce fil...
Peut-être parce que ce journal a tendance à vouloir être l'arbitre du Bien et du Mal (j'ai le droit de décider par moi-même ce qu'est une "saloperie" ou non pour mon usage), et qu'au final il ne fait que prêcher des convaincus et sert de repoussoir hors de ce cercle de convaincus ? Peut-être aussi parce qu'il fait l'impasse sur des sujets de société importants comme la nation ou la religion ; mais ça ce sont des sujets "de droite", presque "fascistes", bouh vilain pas beau Alors qu'en y réfléchissant un peu, aimer son pays c'est souhaiter qu'il soit libre des puissances financières étrangères, protéger son environement, encourager son indépendance énergétique (donc recours aux énergies renouvelables), et améliorer la solidarité entre citoyens. Et que l'enseignement de l'Eglise n'est finalement pas si éloigné que ça de la SV (ne pas trop s'attacher aux biens matériels, partager, etc...).
La décroissance est condamnée en tant que programme politique, car elle ne constitue pas une fin une soi (d'ailleurs comme la SV). Ce n'est qu'un moyen qui aide à trouver un sens à sa vie. Donc il faut à mon sens lutter contre la décroissance politique (le "décroissancisme") qui ne peut que mener au fanatisme
Cramelas- Date d'inscription : 13/11/2008
Re: Pourquoi la décroissance est nécessaire
Un peu de lecture datée et chiffrée sur le sujet.
A lire et faire lire.
https://energieetenvironnement.com/2018/06/22/la-transition-energetique-comme-justification-de-la-decroissance/
A lire et faire lire.
https://energieetenvironnement.com/2018/06/22/la-transition-energetique-comme-justification-de-la-decroissance/
phyvette- Date d'inscription : 28/08/2007
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