La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
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marie-claire michel
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La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Rebonjour Philomenne,
j'ai lu votre article sur l'amour est dans le pré. Comme je n'ai plus de télé, je ne l'ai plus vue non plus depuis très longtemps, des années en fait, et je suis étonnée qu'elle existe encore.
je me demandais simplement si la solitude des agriculteurs est vraie. Je veux dire : avec tous les gens qui veulent revenir à une vie plus saine, avec des animaux, toutes les femmes qui sont seules aussi et qui rêvent de campagne, j'en connais au moins deux, comment se fait-il qu'ils soient aussi seuls ???
et je crois tout à fait qu'ils sont évolués, instruits et tout, alors, comment l'expliquez-vous, puisque vous êtes visiblement une spécialiste de l'agriculture ?
jen e sais pas du tout si ce sujet peut être lié à ce forum...
j'ai lu votre article sur l'amour est dans le pré. Comme je n'ai plus de télé, je ne l'ai plus vue non plus depuis très longtemps, des années en fait, et je suis étonnée qu'elle existe encore.
je me demandais simplement si la solitude des agriculteurs est vraie. Je veux dire : avec tous les gens qui veulent revenir à une vie plus saine, avec des animaux, toutes les femmes qui sont seules aussi et qui rêvent de campagne, j'en connais au moins deux, comment se fait-il qu'ils soient aussi seuls ???
et je crois tout à fait qu'ils sont évolués, instruits et tout, alors, comment l'expliquez-vous, puisque vous êtes visiblement une spécialiste de l'agriculture ?
jen e sais pas du tout si ce sujet peut être lié à ce forum...
Dernière édition par marie-claire michel le Jeu 3 Mai 2012 - 20:38, édité 1 fois
marie-claire michel- Banni(e)
- Date d'inscription : 28/04/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Il me semble que cette question appelle deux réponses :
- La télé, c'est de la télé, c'est-à-dire que ce n'est pas la réalité, même quand ça prétend l'être. Donc, ne pas prendre ce qu'on y montre comme argent comptant. Le montage fait des ravages.
- Les agriculteurs sont des gens normaux. Il y en a qui ont deux points de QI et d'autres qui sont supérieurement intelligents, ingénieurs et capables de disserter sur l'art contemporain. Entre les deux, il y a tous les degrés. Il y a des vrais sales cons et des gens formidables et entre les deux, tous les intermédiaires. Il y en a qui s'en foutent de polluer et ne pensent qu'à leur profit et d'autres qui se préoccupent sincèrement de leurs contemporains et de leur planète et entre les deux... etc, etc, etc. Il y en a qui sont mariés, en couple, pacsés, célibataires, y a même des homo, c'est dire. Bref, la diversité est la même que dans le reste de la population.
Ce qu'on peut dégager comme tendances inhérentes à cette profession, c'est qu'ils sont plus souvent célibataires ou divorcés que les autres et qu'ils se suicident plus que les autres. (Y a-t-il un rapport entre les deux ? Certains disent que oui, je ne sais pas).
Pourquoi sont-ils plus souvent célibataires ou divorcés ? Essentiellement parce qu'un agriculteur est quelqu'un qui travaille généralement 80 heures par semaine. Ce qui, d'une part, lui laisse peu de temps pour conter fleurette (et donc faire une rencontre) et d'autre part... ben pour celle qu'il épousera, il faut accepter cette vie-là.
Accepter qu'on ne partira pas en vacances, ou dans le meilleur des cas, une semaine tous les deux ans, tous les ans si les finances le permettent. Accepter de peu voir son mari et que parfois, il rentrera de la traite vers 19h30 et repartira, repas avalé sur le pouce, vers 20h, pour désherber son blé. Accepter de s'appuyer toute seule tout le travail de la maison en plus de son propre métier, les enfants, les devoirs, les courses... le partage des tâches, on oublie, parce que je ne vois pas comment on peut exiger de son homme qu'il passe l'aspirateur alors qu'il vient de se faire une journée de 14h et que manifestement, il ne tient plus debout. Accepter que parfois, on est coincés à la maison par l'imminence d'un vêlage, c'est bête, on était justement invités chez des amis (ou alors, accepter d'y aller toute seule). Accepter que tous les matins, sans exception, il va se lever tôt pour aller traire. Même le 25 décembre, même le 1er janvier, même s'il a une fièvre de cheval...
Je prends l'exemple de la production laitière qui m'est la plus familière mais c'est pareil pour tous les éleveurs, quelle que soit leur production. Si ce n'est pas les vaches qu'il faut traire, ce sont les cochons qu'il faut nourrir, en plus y a cette sacrée machine à soupe qui est encore tombée en panne. Ou alors, il faut passer la nuit à la bergerie parce que c'est la période des agnelages (marche aussi pour les chèvres).
Accepter de partager ses angoisses : le prix de la viande qui s'effondre, les veaux qui ont attrapé la diarrhée, la sécheresse, le gel...
Si c'est un maraicher, on oublie tout de suite les vacances d'été, puisque c'est la saison où se fait 80% du travail de l'année (vive la plage au mois de novembre !).
Les céréaliers arrivent parfois à s'organiser pour prendre deux ou trois semaines de vacances à l'automne. Mais il ne faut pas espérer les voir pendant la moisson. Et la moisson, ça commence par l'orge, ça continue avec le blé, puis le colza... ça dure un moment.
Sans compter qu'il faut accepter d'aller vivre à la campagne, ce que tout le monde n'apprécie pas et il faut aussi que ce soit compatible avec son propre métier...
Sachant tout cela, il est fréquent qu'une femme qui a le choix entre un agriculteur et un fonctionnaire choisisse, comme c'est étrange, le fonctionnaire... Ou alors, une dizaine d'années après son mariage, lassée d'avoir un mari marié d'abord avec son travail, elle rencontre un gentil postier, prend les gamins sous son bras et s'en va.
NB : je dis ça pour les épouses mais pour un type qui se marierait avec une agricultrice (un agriculteur sur trois est une agricultrice, ne l'oublions pas), c'est exactement le même problème.
Voilà essentiellement pourquoi les agriculteurs sont plus souvent célibataires que les autres. Ils sont mariés avec leur boulot et ce n'est pas négociable.
Edit : voir par exemple ce billet de Paysan Heureux, ou celui-là. Et encore, faisant de la viande, il a un emploi du temps un tout petit peu plus souple que les producteurs de lait. (Et d'une manière générale, je recommande la totalité de son blog, qui permet de très bien se rendre compte de son quotidien. Voilà un type que je rêve de rencontrer... si ce n'est que je crois qu'on s'est déjà croisés, d'ailleurs.)
- La télé, c'est de la télé, c'est-à-dire que ce n'est pas la réalité, même quand ça prétend l'être. Donc, ne pas prendre ce qu'on y montre comme argent comptant. Le montage fait des ravages.
- Les agriculteurs sont des gens normaux. Il y en a qui ont deux points de QI et d'autres qui sont supérieurement intelligents, ingénieurs et capables de disserter sur l'art contemporain. Entre les deux, il y a tous les degrés. Il y a des vrais sales cons et des gens formidables et entre les deux, tous les intermédiaires. Il y en a qui s'en foutent de polluer et ne pensent qu'à leur profit et d'autres qui se préoccupent sincèrement de leurs contemporains et de leur planète et entre les deux... etc, etc, etc. Il y en a qui sont mariés, en couple, pacsés, célibataires, y a même des homo, c'est dire. Bref, la diversité est la même que dans le reste de la population.
Ce qu'on peut dégager comme tendances inhérentes à cette profession, c'est qu'ils sont plus souvent célibataires ou divorcés que les autres et qu'ils se suicident plus que les autres. (Y a-t-il un rapport entre les deux ? Certains disent que oui, je ne sais pas).
Pourquoi sont-ils plus souvent célibataires ou divorcés ? Essentiellement parce qu'un agriculteur est quelqu'un qui travaille généralement 80 heures par semaine. Ce qui, d'une part, lui laisse peu de temps pour conter fleurette (et donc faire une rencontre) et d'autre part... ben pour celle qu'il épousera, il faut accepter cette vie-là.
Accepter qu'on ne partira pas en vacances, ou dans le meilleur des cas, une semaine tous les deux ans, tous les ans si les finances le permettent. Accepter de peu voir son mari et que parfois, il rentrera de la traite vers 19h30 et repartira, repas avalé sur le pouce, vers 20h, pour désherber son blé. Accepter de s'appuyer toute seule tout le travail de la maison en plus de son propre métier, les enfants, les devoirs, les courses... le partage des tâches, on oublie, parce que je ne vois pas comment on peut exiger de son homme qu'il passe l'aspirateur alors qu'il vient de se faire une journée de 14h et que manifestement, il ne tient plus debout. Accepter que parfois, on est coincés à la maison par l'imminence d'un vêlage, c'est bête, on était justement invités chez des amis (ou alors, accepter d'y aller toute seule). Accepter que tous les matins, sans exception, il va se lever tôt pour aller traire. Même le 25 décembre, même le 1er janvier, même s'il a une fièvre de cheval...
Je prends l'exemple de la production laitière qui m'est la plus familière mais c'est pareil pour tous les éleveurs, quelle que soit leur production. Si ce n'est pas les vaches qu'il faut traire, ce sont les cochons qu'il faut nourrir, en plus y a cette sacrée machine à soupe qui est encore tombée en panne. Ou alors, il faut passer la nuit à la bergerie parce que c'est la période des agnelages (marche aussi pour les chèvres).
Accepter de partager ses angoisses : le prix de la viande qui s'effondre, les veaux qui ont attrapé la diarrhée, la sécheresse, le gel...
Si c'est un maraicher, on oublie tout de suite les vacances d'été, puisque c'est la saison où se fait 80% du travail de l'année (vive la plage au mois de novembre !).
Les céréaliers arrivent parfois à s'organiser pour prendre deux ou trois semaines de vacances à l'automne. Mais il ne faut pas espérer les voir pendant la moisson. Et la moisson, ça commence par l'orge, ça continue avec le blé, puis le colza... ça dure un moment.
Sans compter qu'il faut accepter d'aller vivre à la campagne, ce que tout le monde n'apprécie pas et il faut aussi que ce soit compatible avec son propre métier...
Sachant tout cela, il est fréquent qu'une femme qui a le choix entre un agriculteur et un fonctionnaire choisisse, comme c'est étrange, le fonctionnaire... Ou alors, une dizaine d'années après son mariage, lassée d'avoir un mari marié d'abord avec son travail, elle rencontre un gentil postier, prend les gamins sous son bras et s'en va.
NB : je dis ça pour les épouses mais pour un type qui se marierait avec une agricultrice (un agriculteur sur trois est une agricultrice, ne l'oublions pas), c'est exactement le même problème.
Voilà essentiellement pourquoi les agriculteurs sont plus souvent célibataires que les autres. Ils sont mariés avec leur boulot et ce n'est pas négociable.
Edit : voir par exemple ce billet de Paysan Heureux, ou celui-là. Et encore, faisant de la viande, il a un emploi du temps un tout petit peu plus souple que les producteurs de lait. (Et d'une manière générale, je recommande la totalité de son blog, qui permet de très bien se rendre compte de son quotidien. Voilà un type que je rêve de rencontrer... si ce n'est que je crois qu'on s'est déjà croisés, d'ailleurs.)
Dernière édition par Philomenne le Jeu 3 Mai 2012 - 20:28, édité 1 fois
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
J'ai de la famille dans la viticulture, le travail y est dur mais l'élevage du pinard laisse des périodes creuses pour prendre quelques semaines de vacances discontinues.
vagabond- Date d'inscription : 14/04/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Ah oui, j'avais oublié la viticulture... (pour le coup, la production qui m'est la moins familière). C'est vrai qu'il y a des périodes de creux. A condition de n'avoir que cette production-là. S'il y en a une autre à côté, retour à la case précédente.
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Waouh, eh bien PHilomenne, si je puis me permettre, vous devriez mettre votre réponse sur votre blog, parce que là, on reste scotché. Enfin moi en tous les cas.
Il faut vraiment vouloir être agriculteur surtout. Heureusement qu'il y en a sinon on ne mangerait plus rien, mais j'espère qu'au final ils y trouvent un peu leur compte.
Visiblement vous savez de quoi vous parlez, du vécu sans doute. Je veux dire d'enfance pas seulement professionnel. Enfin, je le sens comme ça mais je peux me tromper.
Merci pour cette réponse plus qu'intéressante et exhaustive me semble-t-il.
Et bien sûr, merci pour les liens "paysan heureux" que je vais lire de long en large !
Il faut vraiment vouloir être agriculteur surtout. Heureusement qu'il y en a sinon on ne mangerait plus rien, mais j'espère qu'au final ils y trouvent un peu leur compte.
Visiblement vous savez de quoi vous parlez, du vécu sans doute. Je veux dire d'enfance pas seulement professionnel. Enfin, je le sens comme ça mais je peux me tromper.
Merci pour cette réponse plus qu'intéressante et exhaustive me semble-t-il.
Et bien sûr, merci pour les liens "paysan heureux" que je vais lire de long en large !
marie-claire michel- Banni(e)
- Date d'inscription : 28/04/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
marie-claire michel a écrit:Je veux dire d'enfance pas seulement professionnel.
En fait non, pas du tout... C'est uniquement professionnel. Quand on travaille pour les agriculteurs (et avec eux), on apprend à les connaitre. Et à les apprécier (ou pas. ça dépend lesquels).
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
exactement.
Je vis dans une ferme depuis 20 ans (j'ai loué une maison, entre étable et moulin).
Ils travaillent de 6h du matin à 20h, 7 jours sur 7, 365 jours par an, se permettant juste une sieste le diamanche après midi, et 2 ou 3 dîners chez la belle soeur par an.
L'isolement est surtout dû à cela: pas possible de se libérer, trop fatigués le soir pour sortir.
Je les connais depuis plus de 30 ans. Avant, ils étaient détendus: le fermier, la fermière encore jeune, deux enfants. Le fermeir avait des activités politiques...
Le fermier est mort, le fils a repris la ferme, la fille a réussi à se "dégager" de la ferme et travaille à l'extérieur, mais aide sa mère pour le ménage. Aucun des deux n'est marié, ils approchent des 40 ans maintenant. Parfois plusieurs nuits par semaine à ne dormir que d'un oeil parce qu'une vache doit vêler, donner le biberon aux petits animaux, préparer les charcuteries quand on tue le cochon, faire le potager, cuisiner, faire le beurre, le pain... Ils adorent leur boulot, mais c'est trop lourd, et ne rapporte pas beaucoup, selon les cours du marché du blé depuis que les céréales sont entrées en bourse. Un an ils ne gagnent rien, un autre ils peuvent refaire la cuisine ou enfin réparer ce toit... L'entretien des bâtiment est écrasant lui aussi.
Leur élevage ne leur rapporte presque rien, ce n'est que grâce aux subventions qu'ils vivent, ce qui est pour eux très humiliant. Ils ne peuvent pas semer n'importe quoi, il y a la PAC, qui oblige de semer du maïs qui n'est pas adapté au climat.
Les contrôles pour le lait et le beurre sont tellement sévères que chaque années, ils doivent investir pour garder le niveau de propreté qui est de plus en plus exigeant, sans autre nécessité que de tuer les "petits" comme eux, et de bénéficier aux gros producteurs.
Ils sont devenus anxieux, épuisés, fragiles, plus susceptibles... Ils n'en peuvent plus mais ne veulent pas se laisser aller...
Qui voudrait mettre son doigt dans cet engrenage ?
Bien sûr ils pourraient simplifier, mais la fermière tient à ses bêtes, c'est sa raison de vivre, et le fermier à ses cultures.
Hommage à eux, nos racines, nos "vrais" nourriciers...
Je vis dans une ferme depuis 20 ans (j'ai loué une maison, entre étable et moulin).
Ils travaillent de 6h du matin à 20h, 7 jours sur 7, 365 jours par an, se permettant juste une sieste le diamanche après midi, et 2 ou 3 dîners chez la belle soeur par an.
L'isolement est surtout dû à cela: pas possible de se libérer, trop fatigués le soir pour sortir.
Je les connais depuis plus de 30 ans. Avant, ils étaient détendus: le fermier, la fermière encore jeune, deux enfants. Le fermeir avait des activités politiques...
Le fermier est mort, le fils a repris la ferme, la fille a réussi à se "dégager" de la ferme et travaille à l'extérieur, mais aide sa mère pour le ménage. Aucun des deux n'est marié, ils approchent des 40 ans maintenant. Parfois plusieurs nuits par semaine à ne dormir que d'un oeil parce qu'une vache doit vêler, donner le biberon aux petits animaux, préparer les charcuteries quand on tue le cochon, faire le potager, cuisiner, faire le beurre, le pain... Ils adorent leur boulot, mais c'est trop lourd, et ne rapporte pas beaucoup, selon les cours du marché du blé depuis que les céréales sont entrées en bourse. Un an ils ne gagnent rien, un autre ils peuvent refaire la cuisine ou enfin réparer ce toit... L'entretien des bâtiment est écrasant lui aussi.
Leur élevage ne leur rapporte presque rien, ce n'est que grâce aux subventions qu'ils vivent, ce qui est pour eux très humiliant. Ils ne peuvent pas semer n'importe quoi, il y a la PAC, qui oblige de semer du maïs qui n'est pas adapté au climat.
Les contrôles pour le lait et le beurre sont tellement sévères que chaque années, ils doivent investir pour garder le niveau de propreté qui est de plus en plus exigeant, sans autre nécessité que de tuer les "petits" comme eux, et de bénéficier aux gros producteurs.
Ils sont devenus anxieux, épuisés, fragiles, plus susceptibles... Ils n'en peuvent plus mais ne veulent pas se laisser aller...
Qui voudrait mettre son doigt dans cet engrenage ?
Bien sûr ils pourraient simplifier, mais la fermière tient à ses bêtes, c'est sa raison de vivre, et le fermier à ses cultures.
Hommage à eux, nos racines, nos "vrais" nourriciers...
Bib- Age : 73
Localisation : Belgique (Gembloux)
Date d'inscription : 19/01/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
D'accord, parce que dans votre texte, il y a beaucoup d'implication qui passe, on sent votre émotion, enfin je ne sais pas si le terme est juste. Bref, c'est de l'authentique !
Eh bien Bib... moi qui comptais parler de tout cela à une amie qui rêve de ferme et de campagne, je vais plutôt l'expédier sur le forum !
OUi, hommage à eux, je les respecte pour ça beaucoup, malgré monsanto et tout le bazar. On mangerait les cailloux sinon.
Oui, pour ça chapeau, moi je n'en serai pas capable.
Merci à vous tous pour ces témoignages !
Eh bien Bib... moi qui comptais parler de tout cela à une amie qui rêve de ferme et de campagne, je vais plutôt l'expédier sur le forum !
OUi, hommage à eux, je les respecte pour ça beaucoup, malgré monsanto et tout le bazar. On mangerait les cailloux sinon.
Oui, pour ça chapeau, moi je n'en serai pas capable.
Merci à vous tous pour ces témoignages !
Dernière édition par Philomenne le Jeu 3 Mai 2012 - 20:43, édité 1 fois (Raison : fusionner un double message)
marie-claire michel- Banni(e)
- Date d'inscription : 28/04/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Philo, Bib, je vous trouve à la fois réalistes... et très sombres.
OK, je connais des agriculteurs qui bossent 70 heures... les petites semaines. Et quand y'a les foins, par exemple, tu vas bien au delà.
Je connais les périodes de mise bas où pendant 2 mois l'éleveur dors 3 h par nuit. Je connais les galères des agriculteurs - le jeune animal à abattre parce qu'il a un pb et qu'il souffre, le tracteur qui casse (toujours loin et toujours quand c'est pas le moment!), etc...
Mais je connais aussi la passion, le plaisir de voir de beaux résultats, la fierté même...
En réfléchissant, je me rends compte que tous les agriculteurs que je connais vraiment bien sont des gens qui ont choisi ce métier, venant parfois d'un domaine très différent. Cela change peut être beaucoup de choses. MAis en tout cas, aucun ne le regrette aujourd'hui, même si parfois ils y a des moments de découragement, et surtout de grosse grosse fatigue. (et qu'ils disent généralement à leurs enfants de pas faire la même chose!). Et pourtant dans le lot y'a des éleveurs, un maraicher, des viticulteurs, un céréalier-éleveur-viticulteur (jackpot pour les contraintes!)...
Et franchement, je peux comprendre ce plaisir qui prend aux tripes de faire quelque chose de vrai, de concret. De vivre au rythme de la nature et des animaux plutôt que celui des clients et des chefs de projet. J'attends avec impatience le moment où je pourrais arrêter mon métier "artificiel" pour vivre comme ça : travailler vachement plus et gagner vachement moins, mais en se sentant enfin à sa place. Même pas peur!
OK, je connais des agriculteurs qui bossent 70 heures... les petites semaines. Et quand y'a les foins, par exemple, tu vas bien au delà.
Je connais les périodes de mise bas où pendant 2 mois l'éleveur dors 3 h par nuit. Je connais les galères des agriculteurs - le jeune animal à abattre parce qu'il a un pb et qu'il souffre, le tracteur qui casse (toujours loin et toujours quand c'est pas le moment!), etc...
Mais je connais aussi la passion, le plaisir de voir de beaux résultats, la fierté même...
En réfléchissant, je me rends compte que tous les agriculteurs que je connais vraiment bien sont des gens qui ont choisi ce métier, venant parfois d'un domaine très différent. Cela change peut être beaucoup de choses. MAis en tout cas, aucun ne le regrette aujourd'hui, même si parfois ils y a des moments de découragement, et surtout de grosse grosse fatigue. (et qu'ils disent généralement à leurs enfants de pas faire la même chose!). Et pourtant dans le lot y'a des éleveurs, un maraicher, des viticulteurs, un céréalier-éleveur-viticulteur (jackpot pour les contraintes!)...
Et franchement, je peux comprendre ce plaisir qui prend aux tripes de faire quelque chose de vrai, de concret. De vivre au rythme de la nature et des animaux plutôt que celui des clients et des chefs de projet. J'attends avec impatience le moment où je pourrais arrêter mon métier "artificiel" pour vivre comme ça : travailler vachement plus et gagner vachement moins, mais en se sentant enfin à sa place. Même pas peur!
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Cannelle, je plussoie sur toute la ligne avec ce que tu dis. En général, ils sont passionnés, c'est un fait, et ce métier apporte bien des satisfactions, je ne reviens pas là-dessus. C'est juste que ça n'aide pas à trouver un conjoint. Pour ce qui est du célibat des agriculteurs, ce n'est pas une impression : les chiffres sont là.
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
tu as raison, Cannelle, mais ici on parlait des raisons pour lesquelles ils sont souvent seuls
Bib- Age : 73
Localisation : Belgique (Gembloux)
Date d'inscription : 19/01/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Bah oui, mais il suffit d'être deux à être passionnés peut être?
En revanche rencontrer quelqu'un est effectivement difficile. Les agriculteurs que je connais et qui étaient en couple avant de s'installer le sont toujours,
ceux qui étaient célibataires... le sont restés aussi !!
Mais j'ai l'impression que vu de l'extérieur, c'est plus effrayant qu'à vivre. Donc, les célibataires, allez trainer dans les fêtes de village, y'a des opportunités, faut tester!
En revanche rencontrer quelqu'un est effectivement difficile. Les agriculteurs que je connais et qui étaient en couple avant de s'installer le sont toujours,
ceux qui étaient célibataires... le sont restés aussi !!
Mais j'ai l'impression que vu de l'extérieur, c'est plus effrayant qu'à vivre. Donc, les célibataires, allez trainer dans les fêtes de village, y'a des opportunités, faut tester!
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Cannelle a écrit:Bah oui, mais il suffit d'être deux à être passionnés peut être?
Si les deux travaillent à la ferme, c'est différent. Le boulot est partagé et les difficultés ponctuelles mieux acceptées. C'est plus difficile quand il s'agit d'un conjoint qui travaille "à l'extérieur", comme on dit.
Or, des conjoint(e)s d'agriculteurs qui détestent les vaches (par exemple), j'en connais, c'est leur droit, mais du coup ils sont dans une situation plus difficile. Il ne suffit pas toujours d'être amoureux... (Paysan Heureux explique cela très bien. Sa femme ne travaille pas avec lui, elle a son métier et parfois, les contraintes de la ferme lui pèsent, surtout pendant les périodes intensives de vêlages.)
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
le malheur, c'est que ce métier n'ets plus reconnu à sa juste valeur. Le monde n'est plus organisé pour des gens qui veulent vivre simplement, de leur passion. Ils devraient avoir les moyens de vivre une vie équilibré, prendre des congés, mais le seul moyen est de verser aussi dans les méthodes industrielles.
C'est dingue, on réduit en esclavage non seulement ceux qui travaillent à l'étranger dans les pays "émergent", mais aussi ces agriculteurs de chez nous, ceux qui nourrissent toute la terre... ils sont exploités.... bon, j'arrête, cela me met en colère.
C'est dingue, on réduit en esclavage non seulement ceux qui travaillent à l'étranger dans les pays "émergent", mais aussi ces agriculteurs de chez nous, ceux qui nourrissent toute la terre... ils sont exploités.... bon, j'arrête, cela me met en colère.
Bib- Age : 73
Localisation : Belgique (Gembloux)
Date d'inscription : 19/01/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
J'en connais aussi qui ont bifurqué vers des élevages moins contraignants en réfléchissant un peu. Je connaissait quelqu'un qui pensait être sorti de la ferme en devenant menuisier. Au bout de 10 ansil a une allergie aux poussières de bois, il a alors réfléchi à reprendre la ferme des parents mais avec moins de contraintes. Comme il était sorti de la routine il avait du recul et est sorti de l'élevage bovin pour passer aux volailles labellisées la région ayant une appellation.
Texto: "les volailles dorment tant qu'il fait nuit contrairement aux vaches, l'hiver je me lève à une heure normale" "le cycle d'élevage dure trois mois, on peut s'organiser pour qu'a un moment il n'y ai plus rien" de plus avec les modestes champs laissés par son père (5 hectares) il fait des céréales pour ses volailles en cour-circuitant les marges des grossistes.
Texto: "les volailles dorment tant qu'il fait nuit contrairement aux vaches, l'hiver je me lève à une heure normale" "le cycle d'élevage dure trois mois, on peut s'organiser pour qu'a un moment il n'y ai plus rien" de plus avec les modestes champs laissés par son père (5 hectares) il fait des céréales pour ses volailles en cour-circuitant les marges des grossistes.
vagabond- Date d'inscription : 14/04/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
C'est raisonnable, mais il faut aimer se spécialiser ainsi...
Bib- Age : 73
Localisation : Belgique (Gembloux)
Date d'inscription : 19/01/2012
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Quand j'étais ado mon rêve était de devenir paysan..j'étais moi-même issu de deux familles de fermiers dont les grand-parents n'avaient pas repris la ferme parentale (une mixte et l'autre en culture de plantes médicinales dans la région des Collines pour ceux qui connaisent un peu la Gelbique)..j'ai donc dès que je pouvais rejoindre une école en agronomie et un fermier du village chez qui j'allais dès que je rentrais de l'école, les week-end et jours fériés..j'adorais cette petite ferme familiale et villageoise, des paysans de ceux qui font le pays..
Ce que j'ignorais, c'était que mon papa avait été rencontrer le fermier pour lui dire de me dégouter de ce métier ; et il me l'a dit plus tard, plus je te faisais faire des m...e, plus tu étais bien dans ce que tu faisais..
Ce qui m'a éloigné de l'agronomie, ce sont, quand même, les études..où tu ne peux pas, tu ne dois pas être agriculteur "bio" car j'ai très vite été la petite bête noire des profs notamment celui de phyto (pourquoi donc ?)..
J'ai donc choisi la sylviculture pour terminer le cycle mais je suis rester très proche de la terre..j'ai toujours cultivé, bien sûr des petites parcelles (30-40ares), j'ai toujours élevé (sauf depuis mon retour en "ville") et j'ai toujours été proche des paysans dont je considère que je fais partie..
Voilà pour l'intro..waouwwwww que je sais faire long!!!
Je suis d'accord avec vous sur la solitude du paysan mais il y a, en tous cas chez nous, deux types d' "école"..la première celle dont vous parlez ci-dessus, la deuxième des jeunes (souvent d'anciens citadins) qui s'installent en agriculture paysanne en maraîchage la plupart du temps et qui choisissent ce métier par pour s'en foutre plein les poches mais juste pour vivre..j'ai ainsi quelques amis qui ont fait le choix de s'installer ensemble (des ruraux et des néo-ruraux), de cultiver à tour de rôle en travaillant 3 jours semaines mais en ne gagnant que +-800€ par mois, le reste ils le passent à tisser du lien, à rencontrer des gens via les GASAP (AMAP en français ), et à s'occuper du monde paysan.
Je me suis inscrit également dans cette voie-là en tant que néo-citadin où j'essaie (je tente) d'apprendre ce qu'est le métier à ceux qui vuelent entendre et je tisse des liens entre mes amis du monde paysan et ces citadins que je cotoie tous les jours..c'est aussi une façon de ne pas me couper de MA campagne..
Peut-être qu'un jour, moi-aussi, je les rejoindrai, il y a de fortes chances pour que ça arrive, je sens mes tripes qui me le demandent..mais même seul au milieu de mes chèvres (j'avais une trentaine en lactation, j'étais heureux et je faisais le plus beau métier du monde..
Ce n'était qu'un petit regard d'un paysan sur sa ca(o)mpagne..
Ce que j'ignorais, c'était que mon papa avait été rencontrer le fermier pour lui dire de me dégouter de ce métier ; et il me l'a dit plus tard, plus je te faisais faire des m...e, plus tu étais bien dans ce que tu faisais..
Ce qui m'a éloigné de l'agronomie, ce sont, quand même, les études..où tu ne peux pas, tu ne dois pas être agriculteur "bio" car j'ai très vite été la petite bête noire des profs notamment celui de phyto (pourquoi donc ?)..
J'ai donc choisi la sylviculture pour terminer le cycle mais je suis rester très proche de la terre..j'ai toujours cultivé, bien sûr des petites parcelles (30-40ares), j'ai toujours élevé (sauf depuis mon retour en "ville") et j'ai toujours été proche des paysans dont je considère que je fais partie..
Voilà pour l'intro..waouwwwww que je sais faire long!!!
Je suis d'accord avec vous sur la solitude du paysan mais il y a, en tous cas chez nous, deux types d' "école"..la première celle dont vous parlez ci-dessus, la deuxième des jeunes (souvent d'anciens citadins) qui s'installent en agriculture paysanne en maraîchage la plupart du temps et qui choisissent ce métier par pour s'en foutre plein les poches mais juste pour vivre..j'ai ainsi quelques amis qui ont fait le choix de s'installer ensemble (des ruraux et des néo-ruraux), de cultiver à tour de rôle en travaillant 3 jours semaines mais en ne gagnant que +-800€ par mois, le reste ils le passent à tisser du lien, à rencontrer des gens via les GASAP (AMAP en français ), et à s'occuper du monde paysan.
Je me suis inscrit également dans cette voie-là en tant que néo-citadin où j'essaie (je tente) d'apprendre ce qu'est le métier à ceux qui vuelent entendre et je tisse des liens entre mes amis du monde paysan et ces citadins que je cotoie tous les jours..c'est aussi une façon de ne pas me couper de MA campagne..
Peut-être qu'un jour, moi-aussi, je les rejoindrai, il y a de fortes chances pour que ça arrive, je sens mes tripes qui me le demandent..mais même seul au milieu de mes chèvres (j'avais une trentaine en lactation, j'étais heureux et je faisais le plus beau métier du monde..
Ce n'était qu'un petit regard d'un paysan sur sa ca(o)mpagne..
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
En lisant vos commentaires, je pense à un point essentiel, que j'avais déjà remarqué :
Parler d'agriculteurs, c'est comme parler d'employé. C'est une case généraliste!
Il est difficile de comparer les contraintes d'un éleveur et d'un céréalier.
Et même au sein des céréaliers, il est difficile de comparer les monstres de ma région avec des hectares à la louche et les petits en face.
Je connais les 2, les gros sont davantage axés sur l'industriel et la monoculture, (enfin dans mon coin), mais il faut se rendre compte qu'avec beaucoup de surface, il est plus difficile de diversifier.
Les petits sont davantages dans la diversification, pour justement éviter les variations de court sur un seul produit.
L'inconvénient, c'est que diversification = plusieurs machines. Donc ils se regroupent en coopératives, et ont des contraintes supplémentaires.
(je ne dit pas que l'un est mieux que l'autre, ni que c'est une règle général, je dit juste ce que je constate dans mon coin)
Il est je pense plus facile pour un céréaliers de prendre des vacances en hiver, du moins entre la récolte et la pousse de la saison suivante (un de ceux que je connais a d'ailleurs un boulot hivernale qu'il n'a le temps de faire qu'en hiver) que pour un éleveur qui lui doit nourrir 7j/7.
Pour résumer, c'est un corps de métier a multi-facette qu'il est difficile de gérer dans sa globalité.
Un seul élément est commun à tous : ce sont des indépendants et des chefs d'entreprises et comme la plupart des entrepreneurs, ils sont mariés à leurs entreprises.
Parler d'agriculteurs, c'est comme parler d'employé. C'est une case généraliste!
Il est difficile de comparer les contraintes d'un éleveur et d'un céréalier.
Et même au sein des céréaliers, il est difficile de comparer les monstres de ma région avec des hectares à la louche et les petits en face.
Je connais les 2, les gros sont davantage axés sur l'industriel et la monoculture, (enfin dans mon coin), mais il faut se rendre compte qu'avec beaucoup de surface, il est plus difficile de diversifier.
Les petits sont davantages dans la diversification, pour justement éviter les variations de court sur un seul produit.
L'inconvénient, c'est que diversification = plusieurs machines. Donc ils se regroupent en coopératives, et ont des contraintes supplémentaires.
(je ne dit pas que l'un est mieux que l'autre, ni que c'est une règle général, je dit juste ce que je constate dans mon coin)
Il est je pense plus facile pour un céréaliers de prendre des vacances en hiver, du moins entre la récolte et la pousse de la saison suivante (un de ceux que je connais a d'ailleurs un boulot hivernale qu'il n'a le temps de faire qu'en hiver) que pour un éleveur qui lui doit nourrir 7j/7.
Pour résumer, c'est un corps de métier a multi-facette qu'il est difficile de gérer dans sa globalité.
Un seul élément est commun à tous : ce sont des indépendants et des chefs d'entreprises et comme la plupart des entrepreneurs, ils sont mariés à leurs entreprises.
gunday- Age : 39
Localisation : Au fond du 77
Date d'inscription : 16/08/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
ben c'est pas parce que je généralise Gunday : c'est parce que pour moi le "gros" céréalier c'est un industriel, pas un agriculteur
Je vois toutefois un autre point commun : ce sont des gens qui bossent, produisent... et ne peuvent pas fixer eux même le prix de leur production. hallucinant, non ? Imaginez le menuisier à qui on dirait "fabrique des chaises et des tables, et quand tu auras fini, on te dira combien on va te payer "....
Mais là j'suis totalement hors sujet comme d'habitude...
Je vois toutefois un autre point commun : ce sont des gens qui bossent, produisent... et ne peuvent pas fixer eux même le prix de leur production. hallucinant, non ? Imaginez le menuisier à qui on dirait "fabrique des chaises et des tables, et quand tu auras fini, on te dira combien on va te payer "....
Mais là j'suis totalement hors sujet comme d'habitude...
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
@Cannelle, la question pour les gros céréaliers est : est ce qu'il sont gros parce qu'ils ont une approche industriel, ou ont ils une approche industriel parce qu'ils sont gros.
De ce que j'en vois, ce serait plutôt la seconde solution. (pour rappel, ils ont toujours que 2 mains et 2 bras).
Cannelle, il y a de nombreux métiers, où les prix sont fixés par le marchés.
Un exemple : le boulanger, il ne pourra pas vendre sa baguette 5€/pièce.
L'agent immobilier ne pourra pas prendre 50% de commission.
Un prestataire indépendant sans compétence particulière ne pourra pas se vendre 3 fois le prix du marché.
Et un menuiser pas particulièrement renommé ne pourra pas vendre ses chaises 1.000€ pièce.
Donc si indirectement il dépend du marché.
Au passage, les agriculteurs peuvent vendre leurs production d'avance afin d'être assuré du cours. Donc ils peuvent choisir le prix du marché.
De ce que j'en vois, ce serait plutôt la seconde solution. (pour rappel, ils ont toujours que 2 mains et 2 bras).
Cannelle, il y a de nombreux métiers, où les prix sont fixés par le marchés.
Un exemple : le boulanger, il ne pourra pas vendre sa baguette 5€/pièce.
L'agent immobilier ne pourra pas prendre 50% de commission.
Un prestataire indépendant sans compétence particulière ne pourra pas se vendre 3 fois le prix du marché.
Et un menuiser pas particulièrement renommé ne pourra pas vendre ses chaises 1.000€ pièce.
Donc si indirectement il dépend du marché.
Au passage, les agriculteurs peuvent vendre leurs production d'avance afin d'être assuré du cours. Donc ils peuvent choisir le prix du marché.
gunday- Age : 39
Localisation : Au fond du 77
Date d'inscription : 16/08/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Gunday, c'est un peu rapide comme explication.
Un boulanger peut décider de vendre sa baguette plus cher qu'un autre : après tout, si elle est meilleure, il vendra.
Le menuisier, s'il fait une chaise de meilleure qualité, pourra aussi la vendre plus chère, et son prix n'est pas fixé à l'échelle nationale, par une réunion de syndicats, autorités supérieures et... clients.
(le jour où une association de consommateurs, des grossistes et l'état décideront ensemble du prix du pain, j'aurai peur)
Quant à vendre à l'avance c'est risqué : si un pb qqconque (évènement climatique par exemple) fait que la production est insuffisante, il fait quoi ton agriculteur? Ben il achète à un autre pour fournir son "client" à qui il a vendu à l'avance. Mais à quel prix si le voisin a aussi eu une récolte insuffisante?
Il peut aussi décider de ne pas vendre à l'avance, bien sûr. Mais là, si les cours s'écroulent, il vendra parfois à perte.
Alors il peut s'assurer, spéculer... bref, devenir un financier et non plus un agriculteur! Youpi.
Un boulanger peut décider de vendre sa baguette plus cher qu'un autre : après tout, si elle est meilleure, il vendra.
Le menuisier, s'il fait une chaise de meilleure qualité, pourra aussi la vendre plus chère, et son prix n'est pas fixé à l'échelle nationale, par une réunion de syndicats, autorités supérieures et... clients.
(le jour où une association de consommateurs, des grossistes et l'état décideront ensemble du prix du pain, j'aurai peur)
Quant à vendre à l'avance c'est risqué : si un pb qqconque (évènement climatique par exemple) fait que la production est insuffisante, il fait quoi ton agriculteur? Ben il achète à un autre pour fournir son "client" à qui il a vendu à l'avance. Mais à quel prix si le voisin a aussi eu une récolte insuffisante?
Il peut aussi décider de ne pas vendre à l'avance, bien sûr. Mais là, si les cours s'écroulent, il vendra parfois à perte.
Alors il peut s'assurer, spéculer... bref, devenir un financier et non plus un agriculteur! Youpi.
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
gunday a écrit:(...) mais il faut se rendre compte qu'avec beaucoup de surface, il est plus difficile de diversifier.
Ah bon ? Et pourquoi ça ?
gunday a écrit:Il est je pense plus facile pour un céréaliers de prendre des vacances en hiver, du moins entre la récolte et la pousse de la saison suivante (un de ceux que je connais a d'ailleurs un boulot hivernale qu'il n'a le temps de faire qu'en hiver) que pour un éleveur qui lui doit nourrir 7j/7.
C'est vrai, il y a des céréaliers qui arrivent à prendre des vacances l'hiver. Et il y a aussi des éleveurs qui ont un deuxième métier l'hiver : en montagne, il n'est pas rare qu'ils soient moniteurs de ski, perchistes, pisteurs, dameurs... bref, tous les métiers saisonniers liés à "l'or blanc".
Gunday, en ce qui concerne le prix de vente des produits : le boulanger, le menuisier... ont quand même une certaine liberté pour fixer leurs prix, dans les limites du marché. Une baguette ne pourra jamais être vendue 5 € mais il a le choix entre 80 centimes et 90 centimes. Alors que pour l'agriculteur, son prix est fixé au centime près et il n'a aucune marge de manœuvre.
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
@Cannelle, pour reprendre l'exemple du pain, un agriculteur peux choisir de faire de la qualité (du bio par exemple) pour vendre plus cher.
Donc l'exemple est relativement similaire.
Quand au prix du pain, ils étaient fixé par la France, il n'y a encore pas si longtemps.
D'ailleurs, je crois que la PAC avait également une politique de prix minimum pour les céréales, à confirmer.
@Philomenne, je pense que la diversification demande davantage d'intendance, chose qui se complique pour le cas des grosses surfaces. Faudrait que je me renseigne sur ce point.
Pour les éleveurs faisant un second métier, ça doit leur donner de sacré journée de boulot en hiver!
Donc l'exemple est relativement similaire.
Quand au prix du pain, ils étaient fixé par la France, il n'y a encore pas si longtemps.
D'ailleurs, je crois que la PAC avait également une politique de prix minimum pour les céréales, à confirmer.
@Philomenne, je pense que la diversification demande davantage d'intendance, chose qui se complique pour le cas des grosses surfaces. Faudrait que je me renseigne sur ce point.
Pour les éleveurs faisant un second métier, ça doit leur donner de sacré journée de boulot en hiver!
Dernière édition par gunday le Ven 4 Mai 2012 - 10:41, édité 1 fois
gunday- Age : 39
Localisation : Au fond du 77
Date d'inscription : 16/08/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
gunday a écrit:@Cannelle, pour reprendre l'exemple du pain, un agriculteur peux choisir de faire de la qualité (du bio par exemple) pour vendre plus cher.
vendre à un prix plus élevé, mais tout aussi fixé sans lui demander son avis. C'est finalement tout pareil!
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
@Cannelle, puisque vous m'embêtez, je vais vous donner des métiers où les prix ont fixés sans avis des intéressés : les professions médicales, particulièrement les paramédicales.
Je pense aux infirmières libérales, pour qui l'intervention est facturé un prix défini à l'avance.
On pourra aussi reprendre l'exemple de cliniques ou d’hôpitaux obligé de fermer les maternités car le forfait de l'état ne couvre pas les coûts.
Il y a également toutes les entreprises liés à l'énergie ayant les prix d'achats fixé par les marchés.
Donc ce domaine n'est pas le seul a avoir des prix imposés.
Mais là c'est un peu du chipotage non? (sans compter qu'on s'éloigne du sujet d'origine qui est la solitude)
Je pense aux infirmières libérales, pour qui l'intervention est facturé un prix défini à l'avance.
On pourra aussi reprendre l'exemple de cliniques ou d’hôpitaux obligé de fermer les maternités car le forfait de l'état ne couvre pas les coûts.
Il y a également toutes les entreprises liés à l'énergie ayant les prix d'achats fixé par les marchés.
Donc ce domaine n'est pas le seul a avoir des prix imposés.
Mais là c'est un peu du chipotage non? (sans compter qu'on s'éloigne du sujet d'origine qui est la solitude)
gunday- Age : 39
Localisation : Au fond du 77
Date d'inscription : 16/08/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
gunday a écrit:@Cannelle, pour reprendre l'exemple du pain, un agriculteur peux choisir de faire de la qualité (du bio par exemple) pour vendre plus cher.
Donc l'exemple est relativement similaire.
Quel que soit le prix, il est imposé au centime près, ça ne change rien sur le principe.
gunday a écrit:@Philomenne, je pense que la diversification demande davantage d'intendance, chose qui se complique pour le cas des grosses surfaces. Faudrait que je me renseigne sur ce point.
Je ne vois pas en quoi diversifier de grandes surfaces demanderait plus d'intendance que de diversifier des petites... Quelle que soit la surface que tu fais avec, si tu as besoin de l'outil, tu en as besoin. Au contraire, il est plus facile de diversifier des grandes surfaces que des petites parce que le coût du matériel sera "dilué" sur un plus grand nombre d'hectares. C'est plus souvent une question de débouchés (c'est le tout de produire, il faut aussi vendre) et de flemme : plus on diversifie, plus on a de boulot.
gunday a écrit:Pour les éleveurs faisant un second métier, ça doit leur donner de sacré journée de boulot en hiver!
Réveil à 4h, arrivée à l'étable 4h30, traite, soins, nourriture, arrivée sur les pistes à 8h30, fin de la journée "sports d'hivers" à 17h, retour à l'étable à 17h30, traite, soins, nourriture, soupe, douche, dodo à 21h30. 7 jours sur 7 pendant quatre mois.
Edit : c'est vrai, les agriculteurs ne sont pas les seuls à qui on impose un prix de vente fixe.
Dernière édition par Philomenne le Ven 4 Mai 2012 - 10:54, édité 1 fois
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
oooh, j'voulais embêter personne moi.
Qu'un service soit tarifé non librement (encore qu'un médecin peut pratiquer les dépassements d'honoraire : ce qui est figé, c'est le montant du remboursement de la sécu, pas ce que te facture le médecin) est pour moi plus compréhensible que dans le cas d'une production "matérielle".
C'est peut être aussi du parti pris parce que je me sens plus proche des agriculteurs que des médecins
Mais c'est vrai qu'on est totalement HS !
(d'un autre côté puisque tu t'en vas, j'expérimente la solitude.... sur le forum... j'pourrai mieux en parler après. Mais j'vais surtout me mettre à bosser!)
Qu'un service soit tarifé non librement (encore qu'un médecin peut pratiquer les dépassements d'honoraire : ce qui est figé, c'est le montant du remboursement de la sécu, pas ce que te facture le médecin) est pour moi plus compréhensible que dans le cas d'une production "matérielle".
C'est peut être aussi du parti pris parce que je me sens plus proche des agriculteurs que des médecins
Mais c'est vrai qu'on est totalement HS !
(d'un autre côté puisque tu t'en vas, j'expérimente la solitude.... sur le forum... j'pourrai mieux en parler après. Mais j'vais surtout me mettre à bosser!)
Cannelle- Localisation : Pyrénées Atlantiques
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
- Code:
Pour les éleveurs faisant un second métier, ça doit leur donner de sacré journée de boulot en hiver!
Pour l'exemple, quand j'avais mon troupeau, le petit élevage et mes quelques parcelles de culture, je me levais à 4h du matin, faisais la traite, m'occupais des animaux (lapins, poules, poulets, canards,...) allais faire ma journée (menuisier/charpentier), rentrais du boulot, deuxième traite, puis fromagerie ensuite m'occupais à nouveau des animaux, et ensuite jusqu'au couché de soleil, j'avais le nez dans les parcelles en culture, et hop!! ensuite dodo jusque le lendemain..donc oui, ça demande énormément d'investissement humain en plus du reste.
D'un point de vue diversification, je pense que le fermier a été aveuglé par le système qui lui demandait de produire de plus en plus avec la magie chimique...jusqu'au moment où pris à la gorge par les investissements, les industriels avaient les mains libres pour les tenir par les c......s et casser les prix en les imposant.
Je pense que le paysan qui arrive à avoir une grande gamme de "produits" et les distribue en vente directe aura plus les coudées franches que celui qui travaille avec les industriels et s'en sortire d'avantage également.
Concernant la taille des parcelles, j'ai des amis qui pratiquent la perma chez vous sur des hectares et qui ont une très grandes richesses de productions..
Ceux qui se sont dirigés vers le côté indutriel (de la force) auront beaucoup de mal à quitter le modèle monocultural, par contre ceux qui sont restés petits où qui s'installent peuvent aisément diversifier un maximum ce qu'ils font et s'axer vers une vente directe aussi.
Re: La solitude des agriculteurs, mythe ou réalité et si oui, pourquoi et comment y remédier
Allez, un petit hommage aux paisanas!
https://www.youtube.com/watch?v=Br_c08sP48Y
Parce que, comme ils disent, faut pas oublier que nos ancêtres portaient des sabots!
https://www.youtube.com/watch?v=Br_c08sP48Y
Parce que, comme ils disent, faut pas oublier que nos ancêtres portaient des sabots!
Iris d'eau- Localisation : Saint Pierre des Corps
Date d'inscription : 15/03/2012
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